Top Edge : Chapitre 10 - Il faudra payer pour continuer à mater

 

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Le couloir de l'hôtel était recouvert d'épais tapis insonorisant et marcher pieds nus dessus était confortable. Le sol du hall était en marbre lisse, frais au toucher, parfaitement apaisant pour le corps après l'explosion. Le sol devant l'entrée principale était propre et bien rangé, même l'asphalte rugueux était agréable.

Mais lorsque le véhicule arriva dans une rue sale et chaotique, Shen Siwei ouvrit la portière, côté passager, regarda le hamburger entamé sur le sol et ne bougea pas, silencieux. Klet claqua la portière et se dirigea vers l'immeuble sans lui prêter attention, mais n'entendant probablement aucun mouvement derrière lui, il s'arrêta et se tourna pour le regarder.

— Voulez-vous que je vous porte ?

Bien sûr, Shen Siwei n'en avait pas besoin. Il marcha pieds nus sur le sol sale et demanda avec désinvolture :

— N'y a-t-il pas de concierges IA ici ?
— Ils sont cassés depuis longtemps.

Un petit garçon portant un sac à dos apparut dans le couloir. Voyant le brun, il accourut.

— Klet !
— Knock.

Le jeune homme frotta la tête de l'enfant et pointa du menton le hamburger à moitié mangé sur le bord de la route.

— Ramasse ces déchets.
— D'accord !

Knock hocha la tête et sortit un sac-poubelle de son sac à dos, puis il regarda Shen Siwei.

— C'est qui le beau mec ? demanda-t-il en clignant des yeux.

Klet jeta un coup d'œil au blond.

— N'as-tu pas regardé les informations ? rétorqua-t-il nonchalamment.

Son ton ne sonnait pas comme s'il parlait à un enfant. Sa voix rugueuse et profonde manquait un peu de patience, traitant visiblement Knock comme une connaissance.

— C'est un négociateur ! s'exclama le garçon.

Ses yeux verts s'illuminèrent soudain.

— C'est la première fois que je vois un Marg !

Klet rappela négligemment :

— Les gens de Marg normaux sont plus grands que lui.

Shen Siwei fut, une fois de plus, sans voix face à son attitude.

— Négociateur ?

Les yeux de Knock pétillaient.

— J'peux serrer ta main ?

Lorsqu'il était sorti de la gare centrale, des gens avaient voulu lui serrer la main, des deux côtés de la route ; il les avait tous ignorés. Mais maintenant, face à l'adorable petit garçon, il saisit le bord de sa cape, de sa ma gauche et tendit prudemment son bras droit.

— Bien sûr.

Knock serra la main avec enthousiasme avant de soudain paraître confus. Il regarda le bras et les pieds nus du blond et demanda à Klet, d'un ton étrange :

— Pourquoi il est à poil ?
— Allez, va ramasser les poubelles rapidement.

Le brun pressa la tête de l'enfant avec sa large main, redirigeant son regard vers le hamburger à moitié mangé.

— Les affaires d'adultes ne te regardent pas.
— Tch.

Knock fit la moue, mais alla docilement dans la rue. Le regard de Shen Siwei resta sur lui. Il le vit ramasser les ordures sur la route, une par une, puis les jeter dans une poubelle à proximité, fouiller dedans, trouver des pièces électroniques et les mettre dans son grand sac à dos.

— C'est un orphelin, la voix de Klet ramena le blond sur terre. Il gagne sa vie en ramassant des déchets et aide à trier les ordures en plus.

Shen Siwei pouvait à peu près deviner pourquoi Knock faisait ça. Il n'y avait pas d'école pour les enfants dans l'Arbre de Vie, ni de protection sociale pour eux. Ces nouveau-nés non désirés ne pouvaient survivre que du côté obscur de la société.

— Quel âge a-t-il ?
— Douze ou treize ? estima Klet. Il est considéré comme l'un des plus âgés parmi les nouveau-nés.

Shen Siwei pensait que la naissance de nouveau-nés datait des deux dernières années, il ne s'attendait pas à ce qu'ils soient apparus il y a plus de dix ans.

Soudain, comme s'il avait déclenché un interrupteur, ses nerfs tressautèrent.

Knock ne semblait pas être le premier petit garçon qu'il ait vu.

— Négociateur ?

Klet entra dans l'ascenseur devant lui, son ton impatient, comme d'habitude.

— Combien de temps allez-vous rester là ?

L'immeuble n'était pas un bâtiment intelligent et semblait démodé, voire obsolète. La sécurité à l'entrée était pratiquement inexistante, le tri des ordures reposait sur la conscience individuelle et l'ascenseur bougeait lentement.

Klet ouvrit la porte.

— Il n'y a qu'un seul lit chez moi. Vous dormirez sur le canapé, ce soir.
— Pas question.

Shen Siwei le contourna, entrant dans la pièce comme un chat revendiquant un territoire, prenant les devants.

— Le canapé est à vous, le lit est à moi.

Officiellement, le blond était un noble de Marg, ou plutôt un émissaire venu pour des négociations importantes. Toute personne avec un peu de bon sens ne le laisserait pas dormir sur le canapé.

Mais Klet se foutait clairement du bon sens.

— Vous êtes sûr de vouloir sauter dans mon lit ? Bien que vous ne soyez pas mon genre, je peux changer mes préférences, à contrecœur.

Shen Siwei fut sans voix, à nouveau.

"Il est tellement agaçant."

Ne voulant plus gaspiller sa salive, il se dirigea directement vers la fenêtre. De l'autre côté, il y avait une publicité pour des produits pour adultes, avec des néons de mauvaise qualité qui aveuglaient presque les gens. Pendant qu'il fermait les rideaux, Klet alluma les lumières.

La pièce d'environ quarante à cinquante mètres carrés, était encombrée de bric-à-brac. Bien qu'elle ne puisse pas être considérée comme rangée, elle dégageait un fort sentiment de vie. Il était évident qu'il ne s'agissait pas d'un logement temporaire que le jeune leader avait trouvé après avoir mené l'attaque des réfugiés.

C'était sa véritable "maison".

Shen Siwei inspecta sans vergogne toute la pièce, son regard tombant finalement sur une pierre jaune pâle sur la table basse. S'il se souvenait bien, elle avait beaucoup de valeur.

— La Wolf's Stone des terres désolées, expliqua le maître des lieux, supposant qu'il ne le savait pas.

Il répondit par un " oh " désinvolte, mais en déduisit rapidement des choses.

Une nuit dans la suite présidentielle du Creston Grand Hôtel coûtait des dizaines de milliers de pièces. Il s'était demandé pourquoi Klet était prêt à dépenser autant, pensant qu'il jouait les prétentieux ; ne s'attendant pas à ce que ce qu'il soit beaucoup plus riche qu'il ne l'imaginait.

À elle seule, la Wolf's Stone valait plus qu'un diamant naturel, que même certaines personnes aisées ne pouvaient pas acheter. Sans parler des autres objets de valeur dans cette petite pièce, chacun d'entre eux semblant difficile à obtenir.

Shen Siwei était vraiment curieux, mais il feignit l'indifférence.

Retirant sa chemise à manches courtes moulante noire, à moitié mouillée, Klet entra dans la salle de bain.

— Je vais prendre une douche, faites comme chez vous.

Plus tôt, il avait été trempé par le système anti-incendie alors qu'il récupérait le masque. Lorsqu'il portait sa chemise collant à sa peau, on pouvait voir distinctement les lignes de ses muscles robustes, mais lorsqu'il ôta ses vêtements, ils furent pleinement exposés à la lumière. Shen Siwei avait vu les corps nus de nombreux membres de l'équipe d'action, mais personne n'était semblable à Klet. Il ressemblait à une bête au repos, chaque muscle semblant contenir une puissance illimitée.

Un grand tatouage couvrait son large dos et le blond vit faiblement un paysage emblématique de l'extérieur de l'Arbre de Vie, mais avant qu'il ne puisse l'examiner de près, le jeune homme entra dans la douche.

La pièce carrée n'avait aucune cloison et la salle de bain était située dans un coin, avec une enceinte en verre transparent, seule la partie du milieu étant dépolie*. Ainsi, lorsqu'il se retourna dans la cabine, Klet vit le regard de Shen Siwei fixé sur lui.

— Il faudra payer pour continuer à mater, négociateur, déclara-t-il nonchalamment en desserrant sa ceinture.

Le blond n'essayait pas intentionnellement de jeter un coup d'œil, mais lorsque son hôte s'était retourné, il avait remarqué par inadvertance un visage flou tatoué sur sa poitrine. Il était divisé en deux, avec un côté derrière le verre dépoli et inconsciemment, il avait voulu le voir clairement, mais Klet l'avait pris en flagrant délit.

Se sentant mal à l'aise, il détourna les yeux, observant le lit simple dans l'autre coin de la pièce. Après quelques hésitations, il resta assis sur le canapé.

Une personne se douchait, une autre était nue et la présence du lit semblait quelque peu inappropriée.

Il y avait aussi quelques petits objets empilés sur le canapé ce qui lui fit penser à Knock, le garçon qui récupérait les ordures.

Pourquoi avait-il l'impression d'avoir déjà vu d'autres gamins comme lui ?

Depuis la signature de la "Déclaration", il n'avait pas été en contact avec des nouveau-nés, encore moins un jeune garçon de cet âge.

Fermant les yeux, il s'efforça de se souvenir, mais son communicateur bipa.

[Moran : Pourquoi as-tu changé d'adresse ? Es-tu toujours en danger ? La zone environnante, est-elle sûre ?]

Ses pensées brusquement interrompues, Shen Siwei jeta un coup d'œil à Klet, qui était toujours sous la douche et ne répondit qu'à la dernière question.

[Shen Siwei : En sécurité.]

Anticipant que Moran appellerait ensuite, il ressentit une inexplicable réticence et compte tenu des circonstances actuelles, il ajouta :

[Shen Siwei : Ne peux pas parler.]

Moran répondit rapidement.

[Moran : D'accord, ne force pas. Prends soin de toi et repose-toi.]

Se forcer ? Shen Siwei était perplexe. Il n'était pas en danger et n'avait pas à se ménager, alors pourquoi Moran lui rappelait soudain d'en quelque sorte "ralentir" ?

Son esprit était embrouillé en ce moment, il y avait des choses qu'il voulait comprendre.

Une vague de somnolence soudaine l'engloutit pourtant. Il plissa les yeux et secoua vigoureusement la tête, essayant de résister, mais sa conscience lui échappa lentement et il finit par s'effondrer, s'endormant complètement.

Klet n'avait pas apporté de vêtements propres dans la salle de bain. Il sortit nu, pensant que le négociateur grincheux allait encore se plaindre. Cependant, il fut surpris de le voir dormir profondément sur son canapé.

— N'alliez-vous pas occuper mon lit ?

Il ne pouvait s'empêcher de trouver cela amusant.

— Un chaton se faisant passer pour un tigre.

Après avoir changé de vêtements, utilisant une serviette pour essuyer ses cheveux humides, il se dirigea vers le canapé dans l'intention d'enlever le masque et d'y jeter un coup d'œil. Mais dès que ses doigts touchèrent le métal, Shen Siwei fronça les sourcils, se retournant de façon à ce qu'il ne puisse plus être facilement retiré. Une magnifique paire de longues jambes fut exposée et les yeux de Klet se plissèrent légèrement, il agita sa grande main, couvrant à nouveau la peau pâle avec le manteau.

Sur le balcon, il alluma une cigarette, regardant avec désinvolture la publicité éblouissante de produits pour adultes, puis composa le numéro de Maiken.

— Boss, j'ai enquêté. Y'a qu'une douzaine de clients dans l'hôtel, aucun est suspect.
— Et le personnel ?
— Moins de dix membres, pas suspect non plus.

Maiken fit une pause et ajouta :

— Mais, manque un bout d'la bande de surveillance. Quelqu'un est sûrement entré en douce dans l'hôtel.
— Le système de défense du Creston, n'est-il pas le plus haut niveau pour un usage civil ? Comment ont-ils pu perdre des images de surveillance ?
— J'peux pas l'pirater, mais ça veut pas dire que des pros peuvent pas, répondit Maiken.

Klet exhala une bouffée de fumée en silence.

— Compris, continue d'enquêter, dit-il lentement.
— Et le négociateur ?
— Nous nous sommes trompés, il regardait probablement vraiment les informations, expliqua le leader. Il ne sait pas se défendre, il vaut donc mieux qu'il ne reste pas ici. Demain matin, j'enverrai quelqu'un pour l'escorter jusqu'à la gare.

"Il ne sait pas se défendre." 🤡

*Pièces : Il n'y a pas de précisions de devises donc j'ai décidé d'utiliser ce terme.

*Verre dépoli : Qui laisse passer la lumière mais non les images. 

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