Top Edge : Chapitre 19 - T'es plutôt bon acteur

 

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Le genou de Shen Siwei heurta violemment l'entrejambe de son adversaire, mais fut bloqué par un bras mécanique réactif.

Deux coups secs retentirent, le premier poing du négociateur envoya Barn rouler deux fois sur le canapé, et le second le projeta contre le mur de la salle privée. Sans l'attaque soudaine de l'homme derrière lui, il aurait volontiers continué à le tabasser.

Un coup de pied en fouet s'abattit sur son flanc ; Shen Siwei leva instinctivement le bras pour bloquer l'impact. Son corps fut violemment projeté contre le dossier du fauteuil, qui se brisa en deux sous la force du choc. Adossé au canapé éclaté, il jaugea rapidement la situation ; les deux autres types aussi avaient subi des modifications mécaniques.

— Ton bras droit est une prothèse ? demanda Barn en se relevant du mur enfoncé.

Il secoua son avant-bras endommagé les trois bosses laissées revenant à leur forme initiale, ne laissant que de faibles traces. 

— T'es plutôt bon acteur... Alors t'es pas si fragile que ça, au fond.

Les prothèses illégales surpassaient souvent les modèles militaires, plus puissantes, sans contraintes de sécurité, ni souci d'apparence, les réfugiés se fichant des limites physiques. Ils voulaient de la force, quitte à y laisser leur corps.

— Un système hydraulique de réparation ? lança Shen Siwei avec un rictus. Intéressant.

Il s'élança d'un bond vers Barn, mais l'un des sbires surgit soudain de côté. Le blond attrapa une barre métallique fixée au centre de la pièce, décrivit une élégante courbe dans les airs et envoya un coup de pied en plein torse. L'autre croisa les bras pour bloquer l'impact, mais son corps fut tout de même projeté contre le mur.

— Patron ! hurla le troisième en reculant vers la porte de la salle privée. Sa jambe aussi est une prothèse !

En général, on ne pouvait supporter qu'une seule prothèse mécanique, trop de modifications surchargeant le système nerveux, causaient des lésions, voire la mort. Ces trois-là avaient raté un détail crucial. Shen Siwei avait attaqué avec le genou dès le départ, ils avaient pourtant bêtement pensé que seules ses mains étaient modifiées.

Ils s'étaient trompés.

— Pas vraiment, dit-il, toujours en pyjama et en chaussons en coton, debout sur la table basse. Aucune de mes jambes ou bras n'est prothétique.
— C'est impossible, répliqua Barn avec sérieux. Les Margs sont juste une sous-espèce adaptée aux environnements pauvres en oxygène. Comment tu pourrais être aussi fort ?

Il n'avait pas tort. Les Margs avaient une meilleure condition physique, certes, mais pas à ce niveau-là. Shen Siwei n'était qu'un imposteur se cachant sous une fausse identité.

— Qui sait, répondit-il en penchant la tête. Tu veux tester encore ?

Un cadavre gisant déjà à l'extérieur de la pièce, il devait terminer ça vite.

Barn dégaina alors son arme et tira en reculant vers la sortie, clairement décidé à fuir. Les balles brisèrent la boule disco au plafond, la pièce plongeant dans l'obscurité. Il continua à tirer à l'aveugle et quand il cessa enfin, le silence retomba. Pensant avoir touché sa cible, il s'élança vers la sortie, mais une silhouette sombre surgit brusquement devant lui. Pris de panique, il tira à nouveau.

Le canon flamba, révélant une paire d'yeux écarlates.
La balle, censée viser le front de Shen Siwei, rebondit et alla se ficher dans l'œil gauche de Barn.

— AAAAH !!!

Un hurlement atroce résonna dans la salle.

Shen Siwei s'empara de son poignet droit et le projeta comme un vulgaire poids mort, puis il écrasa sa tête d'un pied, arrachant brutalement son bras mécanique.

Cette fois, aucune réparation ne suffirait.

La musique assourdissante de la boîte couvrait tous les bruits, personne ne remarqua la scène. Barn, à peine vivant, supplia, mais Shen Siwei appuya un peu plus fort.

Le crâne, fragile face à la pression, céda.

Quand la balle avait crevé l'œil, le sang avait giclé, maculant le pyjama du blond. Heureusement, le bordeaux était une teinte judicieuse, on ne voyait rien, même taché. Mais avec un cadavre sur les bras, il ne pouvait pas retourner chez Klet comme si de rien n'était. Il devait improviser une excuse.

Ouvrant une carte, il repéra un bain public discret.

Il quitta alors le club par la porte arrière. Derrière lui, les cris éclatèrent.

Panique, colère, appels à dénoncer le tueur.

Il continua sa route comme si de rien n'était.

Bonne idée, les chaussons en coton, pensa-t-il. Pas de traces.

Empruntant une ruelle à l'écart, il sentit, au bout d'un moment, une présence dans son dos. Tournant à un coin, il vérifia discrètement ; une silhouette se planqua derrière une poubelle.

Pas de doute. C'était lui.

"Voilà pourquoi Klet n'a envoyé personne..."

Soupirant, il accéléra, semant son poursuivant.

Une vingtaine de minutes dans les petites rues après, il arriva enfin au bain public isolé.

Décor japonais, rideau à l'entrée, petit salon d'attente et aucune "option spéciale" proposée. À cette heure, il n'y avait que le chat maneki-neko qui lui faisait signe.

Il choisit le bain privé le plus cher sur l'écran, prit la clé et se changea dans les vestiaires, enfilant un yukata propre, son pyjama ensanglanté finissant à la machine.

Le bain se trouvait à l'extérieur, au bout d'un couloir. Il ouvrit la porte coulissante et découvrit une petite cour avec montagnes miniatures, point d'eau et fleurs. Presque idyllique.
S'il y avait eu des étoiles ce soir-là, le cadre aurait frôlé la perfection.

Le bain, de taille moyenne, pouvait accueillir six à huit personnes, sans doute prévu pour les familles, mais vu l'état de la ville, peu d'entre elles venaient encore.

Shen Siwei lava rapidement le sang, puis s'immergea dans l'eau chaude.

Un vrai bonheur.

La chaleur l'enveloppait d'un bien-être rare, sans doute en réponse à sa longue période de cryogénisation.

Il ferma les yeux, savourant pleinement ce moment.

Mais l'accalmie fut de courte durée. Une notification s'afficha sur l'écran du communicateur intégré à sa paume. L'image holographique étant floue à cause de la vapeur, il leva la main.

【Klet : Où es-tu ?】

— Ah, maintenant il se soucie de moi ?

Shen Siwei répondit paresseusement, envoyant les coordonnées et le numéro de la chambre.

Vingt minutes plus tard, le vrombissement d'un moteur rugit devant le bain. Le blond, toujours allongé contre le rebord, paupières closes, écoutait les pas familiers se rapprochant. La porte coulissante glissa un coup sec, et il ouvrit enfin les yeux.

Klet referma violemment derrière lui.

— Barn est mort, dit-il d'un ton neutre, regardant Shen Siwei nu dans le bain.

Aucune émotion sur son visage, impossible de savoir ce qu'il pensait.

Sans attendre de réponse, il se déshabilla, son torse massif et ses jambes musclées rapidement exhibés. Debout au bord du bassin, il jeta un regard vers le négociateur, notamment sur ses jambes repliées, puis il retira son boxer noir.

Shen Siwei haussa un sourcil, détournant poliment le regard.

Il gardait son calme en surface, mais intérieurement, c'était une autre histoire.

L'eau ondula quand Klet entra dans le bain. Bien que conçu pour plusieurs personnes, l'espace parut soudain étroit et le blond fronça les sourcils, oppressé par la proximité.

— C'est moi qui ai réservé ce bain, fit-il remarquer.

L'autre l'ignora et s'installa à côté de lui, l'eau, remuée, effleura le bras de Shen Siwei, puis tout son corps.

Klet posa ses bras sur le rebord du bassin, se pencha vers lui et murmura d'une voix grave :

— Où étais-tu, tout à l'heure ?

 

 


 Merci Barn de t'être sacrifié pour ce moment. ✊🏾

 

 

 

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