Top Edge : Chapitre 35 - Identité

 

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Shen Siwei ne s’attendait pas à ce que les deux hommes face à lui se mettent à discuter comme s’il n’existait pas.

— Tu t’es trompé ? demanda Malken en se frottant le menton.
— Impossible, rétorqua Klet sans le quitter des yeux. As-tu déjà vu quelqu’un d’autre porter un masque en permanence ?
— Pas faux, admit son compagnon. Mais pourquoi ne nous reconnaît-il pas ? Ses cheveux et la couleur de ses yeux ne sont plus les mêmes.

Nu dans l’onsen, arme bien en main, Shen Siwei écoutait cette conversation absurde. Clairement, sa menace n’était pas prise au sérieux.

Il plissa les sourcils.

— Je suis toujours là.

Klet finit par se tourner complètement vers lui.

— Si tu n’es pas le Négociateur, alors qui es-tu ?

Évidemment, il ne donnerait pas son vrai nom au criminel le plus recherché.

— D’abord, expliquez-moi qui est ce Négociateur.
— Un ami à nous, répondit Malken, et tu lui ressembles trait pour trait.
— Eh bien, ce n’est pas moi.

De nouveau, les deux échangèrent un regard.

— Je suis sûr que c’est lui, insista Malken. Sa voix est identique.
— Peut-être… un clone ? songea Klet, pensif.
— Ça se pourrait.

Jamais encore Shen Siwei n’avait vu des gens tenir pareille conversation devant lui, comme s’il n’était qu’un objet de curiosité. Son front se crispa. Et soudain, il comprit : il n’était pas incapable d’éprouver des émotions, il n’avait simplement pas encore rencontré la bonne situation. Ces deux-là savaient visiblement comment tester sa patience.

— Je vous entends, lâcha-t-il d’un ton glacial.

Les regards se braquèrent à nouveau sur lui.

— Alors, tu es un clone ? reprit Malken.
— Non.

Klet souffla, bas.

— Un clone ne sait pas qu’il est un clone.
— C’est vrai, admit son acolyte. Alors, quelle est ton explication ?
— Je vous ai dit que je ne suis pas un clone, trancha Shen Siwei.

Il connaissait chaque détail de sa propre vie : enfance au troisième étage, études militaires au deuxième, missions accomplies au rez-de-chaussée. Seuls ses souvenirs d’il y a vingt-cinq ans restaient brumeux : l’appel de l’armée, le volontariat pour la transformation, puis… le réveil. Rien d’autre.

Mais les deux hommes persistaient.

— Alors c’est un bio-humain, conclut Malken. Peut-être qu’en dessous de sa peau se cache une machine.
— Un androïde prendrait un bain chaud ? objecta Klet.
— … Bon point. Alors c’est quoi, au juste ?

La patience céda. Shen Siwei tira une balle en l’air.

— Vous avez terminé ?

Encore une fois, leurs têtes pivotèrent.

— On dirait qu’il s’agace, chuchota Malken en se couvrant la bouche.
— Il a toujours été colérique, nota Klet avec détachement.
— Colérique ? protesta l’autre. Quand il t’a botté le derrière après que tu as tiré sur ses vêtements, c’était mérité !
— Et d’autres fois aussi. Même quand il jouait les doux, il devait m’imaginer mourir mille fois dans sa tête.
— Tsk, tsk… tu n’as vraiment aucune gêne.

Ces bavardages semblaient interminables. Pour en finir, Shen Siwei braqua son arme sur Klet.

— Donne-moi mes vêtements.

Ses affaires gisaient justement à ses pieds. L’homme s’accroupit, ramassa le tissu sombre et un pantalon de travail.

— Tu ne portais pas de sous-vêtements noirs avant.

Shen Siwei resta figé.

— Le Négociateur ne portait pas de sous-vêtement ? demanda Malken, interloqué.
— Il portait toujours du blanc, clarifia son "patron".

Un silence pesant suivit. Finalement, Klet se releva.

— Viens les prendre.

Puis il recula, fit signe à son compagnon, et tous deux se détournèrent de quelques pas.

Malken jeta un œil par-dessus son épaule :

— Patron, ton avis ?

La gifle que lui infligea Klet l’empêcha d’en dire plus.

— Pas de coup d’œil.

Et pourtant, l’instant d’après, lui-même regardait déjà.

— Tsk… protesta Malken, frottant sa nuque. On est tous des hommes, non ?

Un simple froncement de sourcils de Klet suffit à le réduire au silence.

Shen Siwei se rhabilla à toute vitesse, rangea son arme, puis fixa leurs silhouettes.

— Ce Négociateur… c’est bien de lui que vous parlez ?
— C’est toi, répondit aussitôt Malken. Tu venais négocier au nom de l’armée.

D’abord convaincu d’un quiproquo, Shen Siwei se surprit à douter. Quelqu’un pouvait-il vraiment lui ressembler à ce point ? Et pourquoi l’armée serait-elle mêlée à ça ?

Il resta impassible.

— Je ne vous connais pas.

La méfiance demeurait : ces hommes restaient des fugitifs.

— Pas un clone, pas un bio-humain… marmonna Malken en se grattant la tête. Alors quoi ?
— C’est lui, trancha Klet, sûr de lui.
— À moins… qu’il ait perdu la mémoire.

L’image du cerf-volant à la ficelle rompue traversa l’esprit de Shen Siwei. Ses doigts se crispèrent. Puis, sans prévenir, il claqua une paire de menottes au poignet de l'homme qu'on lui avait ordonné de ramener.

— Klet, tu es en état d’arrestation.

L’air s’alourdit d’un coup.

— Patron ! s’écria Malken. On dirait qu’ils lui ont effacé la mémoire pour mieux t’approcher ! Sinon, pourquoi ferait-il ça ?

Klet baissa les yeux vers ses poignets entravés. Aucune résistance.

— Patron ? Tu ne te défends pas ?
— Laisse faire.

Malken resta interdit.

— Et ramène la moto, ajouta Klet calmement.
— Hein ?! Et toi, tu fais comment ?
— Je vais avec lui.
— Quoi ?! Et moi alors ?
— J’ai une affaire importante, coupa Klet.

Malken blêmit, souffla dans l’air glacé, puis tendit une main vers Shen Siwei.

— Prête-moi ton masque à oxygène.

L’intéressé arqua un sourcil.

— Comment sais-tu que c’en est un ?
— Parce que, répondit Klet doucement, nous nous connaissons.

Le mécanicien lâcha un soupir résigné, fit signe de la main et disparut derrière un monticule pour récupérer une moto.

— Et la prochaine fois, ne dis pas que tu es mon patron ! hurla-t-il avant de s’éloigner, seul.

Shen Siwei en profita pour consulter son ordinateur de poignet. Les données confirmèrent son identité : Malken, alias « Mains Magiques », meilleur mécanicien et bras droit des Rossignols.

Et pourtant, il appelait Klet son patron.

L’armée ignorait toujours qui dirigeait l’organisation. Était-ce lui ? Mais les rapports affirmaient que le chef n'atteignait pas un mètre quatre-vingt-dix.

Quoi qu’il en soit, Malken pouvait filer. Klet, lui, devait être capturé. C’était l’ordre.

Shen Siwei sortit son communicateur, prêt à appeler Moran, quand une voix grave l’arrêta.

— Je te conseille d’éviter.
— Pourquoi ?
— La dernière fois qu’on t’a emmené, tu as maudit tes supérieurs.
— Combien de fois dois-je le dire ? Ce n’était pas moi.
— Si, insista Klet. Je ne peux pas me tromper.
— D’où vient ta certitude ?

Le criminel abaissa le regard vers ses jambes.

— De ça. La forme. Les muscles.

Il marqua une pause.

— Et l’absence de poils.

Shen Siwei resta muet.

 

 

 


 

 

 

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Commentaires

  1. 👀 wait no ! Hâte de lire la suite de leur confrontation, j'espère que Shen va vite réaliser, encore, qu'il se fait manipuler à gogo

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    1. Klet ne va pas lâcher l'affaire cette fois, je pense. Il va le harceler jusqu’à ce qu'il réalise 😂 I

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