Silent Reading : Chapitre 4 - Julien IV

 

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Cover T1 de la version thaïlandaise by VREKX 

 

 

 

Cette silhouette élancée portait une chemise noire boutonnée jusqu'au col et un pantalon impeccable. Mains dans les poches, jambes tendues, cheveux tombant sur les épaules, il avait l'air d'un modèle sorti d'un magazine. Chaque fois qu'il croisait un regard, un sourire s'allumait dans ses yeux errants ; sourire offert à tout le monde, sans distinction.

Lang Qiao, à son âge, n'avait jamais vu un type venir poser devant la porte d'un commissariat de la Sécurité Publique juste pour frimer.

— « Tao Ran, c'est un ami ? »

Son collègue grimaça pour simple réponse.

L'inspectrice, sentant aussitôt l'air se charger d'électricité, demanda, intriguée :

— « Qu'est-ce qui se passe ? »

Tao Ran allait s'avancer, mais Luo Wenzhou, jusque-là silencieux, lui retint le coude et leva le menton vers l'arrivant.

— « Qu'est-ce que tu fabriques ici ? »

Fei Du ramena ses longues jambes, levant les yeux vers lui.

— « Oh, pardon. Je n'avais pas remarqué que l'endroit portait ton nom. »

Luo Wenzhou plissa les yeux, l'air absent. En face, le jeune homme esquissa un sourire qui n'en était pas vraiment un. Lang Qiao, perdue, sentit pourtant un frisson de meurtre flotter entre eux. Puis Fei Du eut ce sourire insolent, celui qui demandait des baffes, avant de détourner le regard vers Tao Ran.

— « Monte. Si je reste plus longtemps, le Capitaine Luo va me coller une amende. »

L'Adjoint Tao n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche.

— « Ai-je dit qu'on avait terminé ? » trancha Luo Wenzhou. « Vous deux, retour immédiat au Commissariat Central. Il faut rendre compte au Directeur Zhang et faire un briefing sur l'affaire. »

« Tu n'avais pas dit demain ? » pensa Lang Qiao, interloquée.

Fei Du soupira d'un air alangui :

— « Les supérieurs en pleine crise de la quarantaine sont une vraie plaie. Tao-ge et la charmante policière, montez avec moi. Je vous dépose au Central. Vous avez travaillé dur, autant voyager avec un peu de place pour vos jambes. »
— « Tu supportes mal les petites voitures ? » railla Luo Wenzhou. « Président Fei, j'espère que tu ne te feras jamais arrêter. Je t'assure que tu ne pourras même pas bouger un doigt. »
— « Merci pour le conseil. » Fei Du reporta son attention sur l'homme qu'il était venu voir. « Tao Ran, j'ai réservé un restaurant occidental près de ton bureau. Même avec des heures supplémentaires, il faut bien manger. »
— « Les serviteurs du peuple ne mangent pas. Tant que le meurtrier court, comment aurions-nous le cœur de dîner ? » rétorqua Luo Wenzhou, bien décidé à torpiller ses plans.

Tao Ran, coincé entre les deux, finit par exploser.

— « Ça suffit ! Vous avez fini, oui ? »

Luo Wenzhou ricana et tourna les talons.

— « Allez, Lang-les-grands-yeux, qu'est-ce que tu mates encore ? Si tu veux zieuter des beaux gosses, fais ça chez toi, pas au boulot. »
— « Tsk. Beauté, pourquoi ne pas venir travailler pour moi à la place ? » lança Fei Du à Lang Qiao d'un ton de PDG dominant. « La police gaspille ton potentiel. Je t'offre cinq fois ton salaire. »

Tao Ran le fusilla du regard.

— « Toi aussi, arrête tout de suite. »

Fei Du soutint son regard, hocha la tête d'un air docile avant de dégainer une nouvelle provocation.

— « D'accord. Mais uniquement pour toi. »
— « Tao Ran ! » s'impatienta Luo Wenzhou. « Tu attends quoi ? »

Pris entre ces deux énergumènes, le Lieutenant Tao leva les yeux au ciel et courut rattraper son capitaine. Après quelques pas, il se retourna malgré lui. Comme prévu, Fei Du n'avait pas bougé. Il restait planté là, le regard fixé sur lui. Voyant qu'il s'était retourné, comme s'il s'y attendait, il esquissa un sourire éclatant, porta deux doigts à ses lèvres et les lui tendit.

Tao Ran en resta sans voix.

Si la séduction internationale décernait un Nobel, le jeune maître Fei aurait déjà le sien.

Sur le chemin du retour, Luo Wenzhou transforma la voiture de police en sonde spatiale Chang'e 3¹⁾, fonçant à toute allure jusqu'au Commissariat Central. Le gros SUV, malgré son allure pataude, les suivait de près avec une désinvolture agaçante.

Lang Qiao, qui avait résisté un bon moment, finit par craquer :

— « C'est qui, ce beau morceau⁽²⁾? Et il conduit pas mal, en plus. »

Tao Ran se retourna aussitôt vers elle avec un regard lourd de sous-entendus, comme pour lui dire de fermer sa grande bouche. Trop tard.

Dans le rétroviseur, Luo Wenzhou vit Fei Du s'arrêter pile devant la grille du Commissariat Central. Aussitôt, il décrocha son téléphone pour joindre la brigade de circulation voisine.

— « Une voiture est garée en infraction devant notre portail. Allez lui coller une amende. » Il rectifia avant de raccrocher. « Ce gosse est blindé, collez-lui-en plusieurs. »

Un jeune agent de la circulation rappela bientôt, un peu paniqué :

— « Capitaine Luo, j'ai verbalisé. Je lui ai dit : "Vous êtes en infraction, l'amende est de deux cents yuans." »
— « Et après ? »
— « Eh bien, il m'a donné mille yuans et ajouté qu'il allait continuer à se garer là pour huit cents de plus. »

Luo Wenzhou s'étouffa silencieusement de rage.

Lang Qiao le scruta avec précaution.

— « Chef, on fait quand même la réunion ? »
— « Tais-toi ! » grogna-t-il.

Mais Tao Ran ne pouvait pas être retenu indéfiniment. Les conclusions de la journée étaient limpides ; pas la peine de traîner en heures supplémentaires.

Fei Du plia la contravention en un petit bateau en papier, alluma la climatisation et s'affala dans son siège. Imperturbable, il lança une chanson anglaise en boucle. Ce n'est qu'au huitième passage que Tao Ran sortit enfin.

Pas vraiment du genre à se faire beau, le lieutenant portait une vieille mallette élimée, ses cheveux en bataille, des chaussures en cuir ternies par des jours d'oubli, et un pansement collé sur le menton. Sa fatigue se lisait jusque dans ses traits. Il s'approcha et tapa à la vitre de Fei Du.

— « Tu n'es toujours pas parti ? »

Fei Du baissa la vitre. You Raise Me Up jaillit dans la nuit.

L'expression de Tao Ran changea aussitôt. Avant qu'il n'ouvre la bouche, Fei Du coupa la radio comme si de rien n'était.

— « J'ai vu une vidéo de vous deux séparant une bagarre. Elle a tourné en ligne. » Il sortit de la voiture, tapota le pansement au menton de Tao Ran. « J'étais inquiet. Ça va ? »

L'officier de police eut un rire amer. Dix bagarres géantes à gérer auraient été moins pénibles qu'un face-à-face entre Luo Wenzhou et Fei Du.

— « Très bien. La prochaine fois, je resterai loin du "quadragénaire en crise", ça t'ira ? »

Fei Du attrapa son sac.

— « Tu veux conduire ou que je te ramène ? »
— « Excuse-moi, ce "quadragénaire" était dans ma promo. » Tao Ran ouvrit la portière et prit le volant. « Pourquoi tu as encore changé de voiture ? »
— « Tu disais que les autres faisaient trop tape-à-l'œil. Alors j'ai pris celle-ci : simple, fiable. Je la garderai spécialement pour venir te chercher. »

La main de Tao Ran s'immobilisa sur sa ceinture. Il le toisa sévèrement.

— « Si j'avais eu un peu plus d'argent, un peu moins de boulot, et une femme plus tôt, mes enfants seraient déjà en âge de marcher. »
— « Je sais. » Fei Du appuya son coude contre la vitre et sourit. « Regarde les gamins qui courent après les stars : ils gaspillent leur temps et leur argent sans but. Moi, mon plaisir, c'est de prendre soin de toi. Tu as été si bon avec moi toutes ces années, je suppose que tu peux bien me supporter encore. »

Une fois de plus, l'homme au volant resta sans voix.

— « Viens dîner avec moi, Tao Ran. »
— « Rien qu'à te voir, je suis calé. » Il lui posa une main sur la tête. « Et puis, arrête avec tes "Tao Ran", respecte tes aînés. »
— « Je... » Des mots plus doux lui montaient aux lèvres, mais Fei Du changea soudain de ton. « C'est quoi ce bordel ?! »

La besace de Tao Ran semblait d'époque Qing, élimée jusqu'à l'os. La fermeture éclair avait décidé depuis longtemps de vivre sa propre vie. Fei Du, sans y prêter attention, l'avait attrapée à l'envers : un dossier s'échappa, des photos tombèrent sur ses genoux. Dans la pénombre, le visage d'un cadavre prenait une expression féroce.

Il inspira violemment. Sans la ceinture de sécurité, il aurait probablement bondi.

— « Cette personne... elle est morte ? Pourquoi elle a l'air si... »
— « C'est des documents importants. Arrête de faire l'idiot, ramasse. »

Fei Du détourna le regard, crispé.

— « N-non, le sang me file la nausée. »
— « Il n'y a même pas de sang. » Tao Ran soupira. « Tu n'as pas peur de Luo Wenzhou, mais des morts, si ? »

Le jeune PDG ramassa les photos éparpillées du bout des doigts, comme s'il désamorçait des mines, l'autre main couvrant à moitié ses yeux. Après avoir vérifié qu'il n'y avait vraiment pas de sang, il se détendit un peu et remit patiemment chaque pièce en place. L'opération lui prit cinq minutes.

— « Il a été tué ? » demanda-t-il enfin.
— « Oui », répondit Tao Ran. « L'enquête est en cours, je ne peux pas donner de détails. »
— « Compris. »

Fei Du ferma le dossier et observa la fermeture éclair, défectueuse.

— « Dommage, » dit-il distraitement.
— « Hm ? »
— « Il allait voir quelqu'un, plein d'espoir. Il n'imaginait pas que cette personne préférerait le voir mort. »

Tout en parlant, il se mit à bricoler la fermeture.

— « Comment ça ? » dit Tao Ran, intrigué.
— « La veste de la victime. Vous avez pris la photo vous-même, non ? L'étiquette était toujours là. »
— « On a vérifié. Petite boutique du quartier. Caméras et patron confirment qu'il l'a achetée lui-même. »
— « Je ne dis pas que le meurtrier l'a mise sur lui. Personne ne tue quelqu'un pour ensuite l'habiller. » Fei Du sourit. « Mais acheter une veste chère, la porter une fois avec l'étiquette pour pouvoir la rendre ensuite, c'est typique des étudiants fauchés avant un entretien. Était-il gaucher ? »

Tao Ran fit une pause. Il avait visité l'appartement de He Zhongyi et se souvenait de l'emplacement de tout.

— « Non. »

Fei Du haussa les épaules.

— « L'usure de la chaussure gauche est évidente. Bien sûr, certaines personnes ont leur main et leur pied dominants opposés, mais il est probable qu'il ait emprunté ces chaussures. »

Mais selon le témoignage du gardien de sécurité de l'école, la personne que He Zhongyi avait rencontrée avant sa mort était une connaissance. Quelqu'un de la même province, peut-être même un parent ; sinon, ils n'auraient pas parlé en dialecte.

Arrivés à destination, Tao Ran arrêta la voiture.

— « Tu veux dire que la victime s'est habillée exprès avant de mourir ? Et que la personne qu'il a rencontrée était probablement une femme ? »
— « Pas forcément. Bien qu'il ait emprunté vêtements et chaussures, sa tenue est plutôt formelle et réservée. On dirait qu'il allait à un entretien ou voir quelqu'un qu'il admirait. »

Il fit coulisser la fermeture réparée et tendit la sacoche à Tao Ran.

— « Si c'était pour toi que je me déplaçais, pas besoin de costume. Un peu plus de parfum suffirait. »

Ses yeux, clairs et changeants dans la pénombre, semblaient toujours inviter l'autre à entrer dans leur intimité. Malheureusement, le Lieutenant Tao était aveugle.

Il considéra très sérieusement les mots de Fei Du un instant, puis demanda pensivement :

— « Si quelqu'un colle un papier sur le front d'un mort, tu y vois quoi ? »
— « Pour l'empêcher de se relever, peut-être. »

Tao Ran soupira intérieurement.

— « Ou bien un geste inconscient... une façon de rendre un dernier hommage », ajouta Fei Du.
— « Et si ce n'est pas tout le front ? Juste une bande couvrant un peu le front et les yeux ? »
— « Le front, c'est l'endroit où on frappe les enfants, les faibles, les bêtes. Ou ça peut faire office d'étiquette, comme sur une marchandise. Qu'est-ce qu'il y avait écrit dessus ? »
— « Argent. »
— « Un seul mot ? » Les sourcils effilés de Fei Du se haussèrent. « Trop peu pour en tirer quoi que ce soit. Attention à ne pas sur-analyser. »

Il sourit.

— « Tao Ran, on est arrivés. »

Le policier se reprit, un peu gêné d'avoir trop parlé. Il allait descendre, mais se ravisa :

— « Tu as mangé ? Monte, je te fais des wontons. »

Fei Du resta un instant figé, les yeux brillants.

— « Tu m'invites chez toi ? Tu n'as pas peur d'aller trop vite ? »

Malgré la pique suggestive, il ne bougea pas.

— « Si tu n'en veux pas, dis-le. Tu ne raterais rien de fameux, de toute façon. » Tao Ran se pencha vers lui. « Donne-moi ta main. »

Fei Du obéit, perplexe.

— « Quand on veut plonger, mieux vaut nager par soi-même que s'accrocher à une bouée. Tu n'as jamais eu l'intention de me "rendre gay", alors arrête ton manège. Je rentre. Conduis prudemment. »

Il disparut dans l'immeuble, laissant dans la main de Fei Du une carte parfumée et une poignée de caramels.

Ces bonbons venaient d'une vieille marque disparue depuis des années. Où Tao Ran les avait-il trouvés ? Invendus poussiéreux ? Fonds de tiroir ? Fei Du en déballa un. Goût simple, sucré, collant aux dents.

Il ralluma la radio. You Raise Me Up repartit en boucle.

Quand il eut fini les bonbons, il passa côté conducteur. En bougeant, il remarqua une petite photo coincée entre les sièges : la photo d'identité de la victime.

Sous la lumière, un visage jeune, net, avec une cicatrice en croissant sur le front.

Les sourcils de Fei Du se froncèrent lentement, tandis qu'il examinait la photo.

 

 


¹Chang'e 3 : une sonde spatiale chinoise, lancée en 2013 dans le cadre du programme lunaire. Elle a notamment déposé sur la Lune le rover Yutu (« Lapin de jade »). Ici, la comparaison souligne la vitesse folle à laquelle Luo Wenzhou conduit, transformant sa voiture de police en fusée lunaire prête au décollage.

⁽²⁾Beau Morceau : viande fraîche est l'expression utilisée dans le texte original : L'expression « fresh meat » (xiǎo xiān ròu 小鲜肉) est une expression chinoise moderne utilisée pour désigner de jeunes hommes séduisants, souvent stars de cinéma, chanteurs ou idoles. J'ai voulu garder cette connotation sans que ça fasse trop étrange d'où le « beau morceau » car c'est une expression qui existe en français.

 

  


 

🕵️‍♂️ Récapitulatif de l'enquête Chapitre 4

 

Informations découvertes :

Détails matériels (via Fei Du) :

🔸 Tenue de la victime : veste neuve, encore étiquetée → achetée pour une occasion précise.
🔸 Chaussures : usure asymétrique → probablement empruntées.
🔸 Photo du corps : position du papier sur le front avec le mot « Argent » → élément symbolique fort, possiblement lié à l'humiliation ou à une signification rituelle.

Interprétations / hypothèses de Fei Du :

🔸 La victime s'était préparée pour un rendez-vous important, peut-être un entretien ou une rencontre avec une personne qu'il admirait.
🔸 La mention d'un "papier sur le front" indique une mise en scène post-mortem – geste symbolique ou acte d'humiliation.
🔸 L'étiquette laissée sur la veste souligne la volonté de faire bonne impression malgré la précarité du jeune homme.
🔸 L'idée d'un lien personnel fort avec son meurtrier refait surface : "il allait voir quelqu'un, plein d'espoir...".

Référence au témoignage précédent :

🔸 Le gardien d'école a dit que la victime avait rencontré une connaissance parlant le même dialecte, renforçant l'idée d'un meurtrier proche de lui (proximité régionale, émotionnelle ou sociale).

Connexions avec les chapitres précédents :

🔸 Ce chapitre ne fait pas avancer directement l'enquête policière, mais il fait avancer la compréhension du profil de la victime.
🔸 Les observations de Fei Du viennent compléter les indices matériels du chapitre 3 :
→ La dispute entendue par Yu Lei a probablement eu lieu juste avant ou pendant ce "rendez-vous" fatal.
→ L'hypothèse d'une rencontre volontaire (et non d'une agression aléatoire) se renforce.
🔸 Le mot « Argent » placé sur le front fait écho au statut précaire de He Zhongyi : thématique sociale déjà présente dans le prologue.

Pistes émergentes :

🔸 Identifier la personne que He Zhongyi devait rencontrer ce soir-là.
🔸 Déterminer la signification du mot "Argent" : mobile financier ? vengeance ? humiliation ?
🔸 Explorer la symbolique de la mise en scène du corps. S'il y en a une.
🔸 Examiner le milieu social de la victime : étudiants précaires, emplois temporaires, entourage scolaire.







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Commentaires

  1. Bon apparemment Fei Du a tilté sur le visage...quelqu'un qu'il a déjà vu ou rencontré 🤔

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    1. J'ai un peu honte de dire que je suis pas sûre que je reconnaîtrais quelqu'un rencontré vite fait en achetant un café 😖

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