Top Edge : Chapitre 46 - Mission écran

 

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Un silence enveloppait les deux hommes, et Klet interrompit les pensées de Shen Siwei :

— Et si sa cible, c'était moi ?
— Mais tu ne trouves pas ça étrange ? dit Shen Siwei en croisant les bras et en fronçant les sourcils.

Il réfléchit un instant.

— Il m'a demandé deux fois si j'avais des nouvelles de toi, et j'ai dit non. Si sa cible, c'était toi, pourquoi n'a-t-il pas encore agi ?

Klet répondit :

— Peut-être qu'il attend le bon moment.

Shen Siwei secoua la tête :

— Non, ce n'est pas ça.

Il y avait un problème majeur : Moran ne pouvait pas surveiller ses actions.

Le seul endroit où des caméras auraient pu être installées dans son corps était ses yeux, mais il était certain, ce n'étaient pas des prothèses mécaniques. La sensation tactile et le retour sensoriel confirmaient que ses yeux étaient bien les siens.

De plus, logiquement, si la cible de Moran était Klet, il aurait pu organiser une mission plus appropriée pour que Shen Siwei le trouve directement.

Alors pourquoi utiliser Amor comme couverture ?

Shen Siwei et Klet s'étaient rencontrés par hasard dans le champ de glace, et Moran n'avait pas pu planifier une telle rencontre.

— Je vais y réfléchir encore un peu, dit le soldat en se frottant le menton, baissant les yeux pour organiser ses idées. Déjà, nous pouvons être sûrs que Miller veut vraiment retrouver son fils.

Amor avait bel et bien quitté l'Arbre de Vie, et Adolf avait mentionné que son frère cadet était imprudent.

Si toute la mission avait été destinée à Klet, est-ce que Miller, Adolf et Amor auraient tous agi en coordination avec Moran ?

Cela n'avait clairement aucun sens.

Par conséquent, du début à la fin, la vraie cible de la mission était Amor.

— Mais comme tu l'as vu, dit Klet en baissant le menton et en désignant la douille sur le sol, la personne qui a tiré ne pouvait pas être Amor. Il a déjà dû être récupéré.
— Je viens de penser à quelque chose, dit Shen Siwei en fronçant les sourcils. Moran a dit qu'il ne voulait pas me réveiller pour ce genre de mission, il pensait que ce serait un gaspillage de ressources.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Klet. Il ne comptait pas te réveiller, finalement ?
— Si, répondit le soldat.

En parlant, ses pensées se clarifièrent soudain.

— C'est Miller qui a eu l'idée de m'envoyer exécuter cette mission. Moran avait exprimé son pessimisme à plusieurs reprises, pensant qu'Amor n'avait aucune chance de survie. Et il avait aussi mentionné que si Amor n'était pas le fils de Miller, il ne m'aurait pas envoyé pour cette mission.

Autrement dit, Moran ne voulait à l'origine pas envoyer Shen Siwei, mais il ne pouvait pas désobéir aux ordres de Miller.

— Donc Miller ne sait pas qu'Amor a déjà été récupéré ? demanda Klet.

Cette question compléta le raisonnement manquant, et pour le soldat tout s'éclaircit enfin.

— Moran cache cette information, il ne l'a pas dit à Miller, expliqua Shen Siwei. Peut-être lui a-t-il dit que même en envoyant des forces d'élite, on n'aurait pas retrouvé Amor. Mais Miller ne l'a pas cru et a insisté pour me réveiller afin d'exécuter cette mission.
— Mais pourquoi cacher cela ? demanda Klet en fronçant les sourcils. Il n'a pas peur que ses subordonnés découvrent la vérité ?

Shen Siwei se tut, le regard baissé vers le corps au sol, l'expression grave :

— Cela ne peut signifier qu'une chose, quelque chose d'inattendu est arrivé à Amor.
— Il ne peut pas l'expliquer, alors il a décidé de garder le secret, dit Klet. Et ses subordonnés sont aussi impliqués, donc personne n'ose parler.
— Tu envisages d'autres possibilités ?

Klet secoua la tête.

Cela expliquait aussi pourquoi Shen Siwei avait trouvé des traces de la force spéciale à l'hôtel en libre-service.

Dès le départ, Moran savait que cette mission était inutile, alors il l'avait toujours incité à revenir s'il ne trouvait rien. Mais il ne voulait pas que le voyage soit inutile et pensait que ce serait bien s'il pouvait capturer Klet en chemin.

— À propos de ton supérieur, dit soudain le fugitif, n'a-t-il pas peur que tu deviennes suspicieux en me voyant ?
— Il est confiant dans le fait que je ne peux rien me rappeler du passé.

Shen Siwei n'avait effectivement rien retrouvé de ses souvenirs, et sa confiance envers Klet reposait uniquement sur son intuition.

— Et, continua-il, il n'est pas non plus très méticuleux, donc il ne pense probablement pas si loin.

Shen Siwei ne pouvait pas fournir d'exemples précis, mais dans son subconscient, il avait toujours l'impression qu'une mission avait mal tourné à cause des ordres mal planifiés de Moran.

— Et maintenant, quel est ton plan ? demanda Klet.

La mission pour retrouver Amor était terminée, et Shen Siwei ne pouvait pas faire semblant de n'avoir rien découvert tout en restant aux côtés de Klet.

— Je dois contacter Moran, dit-il.
— Non, tu ne peux pas, s'opposa immédiatement Klet. Il va te capturer à nouveau.
— Mais si je ne fais pas de rapport et qu'il se méfie, il me capturera de toute façon, répliqua Shen Siwei.

Klet fronça les sourcils, mécontent, mais sembla se rendre compte que le problème devait être résolu et soupira à contrecœur :

— Tu n'aurais pas dû le confronter la dernière fois.

Shen Siwei ne connaissait pas les détails de ce qui s'était passé la dernière fois, mais en entendant Klet le dire, il n'allait évidemment pas répéter la même erreur.

— Ne t'inquiète pas, dit-il.

Activant la fonction de communication, il appuya sur le bouton d'appel, et bientôt la voix de Moran résonna de l'autre côté :

— Allô ?
— Colonel, c'est moi, dit Shen Siwei, sur un ton normal. J'ai trouvé le corps de l'amant d'Amor.
— Ah ? répondit Moran, la voix calme également. Où ça ?
— Dans la cage d'escalier du bâtiment technologique, dit Shen Siwei. Mais je n'ai trouvé aucune trace d'Amor à proximité.

Un bref silence tomba de l'autre côté, et lorsque la voix de Moran reprit, elle avait un ton légèrement étrange :

— Alors où Amor aurait-il pu aller ?

Normalement, en entendant le mot « corps », on serait curieux de savoir ce qui s'était passé. Mais Moran semblait complètement indifférent, s'inquiétant davantage de savoir si Shen Siwei connaissait l'emplacement d'Amor.

— Je soupçonne qu'ils ont eu une dispute et qu'Amor l'a tué.
— Amor... lâcha Moran, mais ralentit immédiatement le ton. Il est capable de tuer, lui aussi.

Il voulait probablement en faire une question, mais cela sonna comme une exclamation.

— Quand quelqu'un est poussé à bout, c'est possible, dit Shen Siwei.

Il ne connaissait pas vraiment Amor, il était donc normal de formuler une telle hypothèse. Et si Moran se sentait coupable, il ne l'aurait naturellement pas corrigé.

Shen Siwei jeta un coup d'œil à Klet, et tous deux attendirent silencieusement la réaction du colonel.

— C'est vrai, poursuivit celui-ci, soulagé, puisque son amant est déjà mort, il devrait bientôt retourner à l'Arbre de Vie. Pas besoin de continuer tes recherches, rentre simplement.

Jusqu'ici, Moran n'avait pas mentionné la douille. Il devait supposer que Shen Siwei n'avait rien remarqué d'inhabituel, donc il ne l'évoquait pas de lui-même.

— Pourquoi devrais-je revenir directement ? continua le soldat, poursuivant sa comédie. Amor n'a pas pu aller loin. Je peux encore le retrouver rapidement.

Cette affirmation ne présentait aucune faille. Puisque Shen Siwei avait déjà trouvé l'endroit, pourquoi abandonnerait-il en chemin ?

Moran hésita un instant, puis finit par céder :

— Très bien.

Les nerfs se détendirent enfin.

Cependant, quand Shen Siwei raccrocha, Klet affichait un visage sombre et le regarda :

— Tu t'amusais avec lui, hein ?

Le soldat en resta sans voix

Après avoir raccroché, Moran, contemplant la vue nocturne, composa le numéro du docteur Chen.

— Colonel ?
— Vos recherches ont encore du chemin à faire, dit Moran d'un ton indifférent.
— Quelles... recherches ?
— Shen Siwei, dit le colonel, pourquoi ne peux-tu altérer que sa mémoire ? Sa personnalité reste désobéissante.
— Il y a un problème ? demanda le scientifique, hésitant.
— Ce n'est pas majeur, répondit Moran, d'un ton plat. Mais ce que je veux, c'est l'obéissance complète. Il était parfaitement docile à son réveil. Maintenant, il recommence à mettre en question mon autorité, ce qui signifie que sa nature n'a pas changé.
— Contrôler la personnalité est difficile... dit le docteur Chen avec difficulté, je ne pourrai approfondir que lorsqu'il sera de retour.
— Très bien, fit Moran.

Il ajouta avant de raccrocher :

— Mais il est devenu doué pour faire le malin. Gardez cela à l'esprit pour la prochaine amélioration.

Klet monta les escaliers sans se retourner, ignorant les mots de Shen Siwei.

— Ce n'est pas "s'amuser", dit le soldat en le suivant, conscient de l'énorme différence entre la longueur de leurs jambes. Tu crois vraiment que je suis capable de faire le malin ?

Klet ne se retourna toujours pas.

À mesure que la distance entre eux s'allongeait, Shen Siwei décida de s'arrêter et fronça les sourcils, levant les yeux :

— Si tu continues, je fais demi-tour maintenant.

Enfin, le fugitif boudeur s'arrêta.

— Je n'aime pas la façon dont tu parles aux autres, dit Klet en se retournant, toujours l'air fâché, la voix encore plus basse.

Mais Shen Siwei n'allait pas le laisser faire sa crise. Il répondit froidement :

— Je n'aime pas les hommes immatures.

L'autre se tut.

Les deux restèrent un instant dans une impasse sur l'escalier, mais au final, c'est Klet qui céda le premier. Il retourna face à Shen Siwei et demanda :

— Que se passera-t-il si tu n'y retournes pas ?
— Je ne sais pas, répondit le soldat en remontant les marches. Mais il s'assurera que je revienne.

Soudain, Klet attrapa son poignet par derrière et demanda :

— Tu me fais confiance ?

Le voyant si sérieux, Shen Siwei fut un peu surpris, mais il répondit quand même :

— Je te fais confiance.
— Malken est un mécanicien talentueux. Peut-être pourra-t-il examiner ton corps et comprendre ce qui se passe.

Le soldat ne connaissait pas bien Malken. Dans ses souvenirs, il ne l'avait rencontré qu'une seule fois dans les champs de glace. Bien qu'il fît confiance à Klet, il ne pouvait pas en dire autant des autres.

— Et son mentor est le Vieux Fantôme. Même s'il ne peut rien découvrir, le Vieux Fantôme devrait trouver une solution.

Cette remarque toucha légèrement Shen Siwei.

— De plus, continua Klet, je vais te présenter des Rossignols, comme Avis et Knock. Tu les as déjà rencontrés, et ils pourraient t'aider à récupérer tes souvenirs.
— Les Rossignols ? murmura Shen Siwei, pensif.
— Oui. Une fois que l'accord sera rendu public, nous ne pourrons pas rester en dehors de ça. Tu devras forcément les rencontrer aussi.

Quand il avait accepté que Klet leur envoie la photo, il avait déjà pris sa décision : il se tiendrait de leur côté.

— Mais... pensa soudain Shen Siwei, Moran peut surveiller ma position. Si je rencontre des membres des Rossignols cela ne leur causera-t-il pas des ennuis ?

Klet resta silencieux, réalisant que c'était effectivement un problème.

— Attends, dit Shen Siwei en fronçant les sourcils, je me souviens de quelque chose d'autre. Tu as dit que mes yeux changeraient de couleur, n'est-ce pas ?

Klet répondit, étrangement :

— Ils deviennent rouges quand tu tues.

Pour Shen Siwei, la couleur de ses yeux ne pouvait être contrôlée que depuis la console centrale et ne changerait pas toute seule. Quant aux particules magnétiques sur son visage, personne ne lui avait jamais dit qu'il pouvait les manipuler à volonté.

Songeant à cela, il sortit un poignard, tenta de contrôler la peau de son poignet et s'y incisa.

Ce qui se produisit ensuite le surprit.

Du sang s'écoula réellement de sa peau.

— Je croyais que tu ne pouvais pas être blessé, dit Klet, surpris.

Il semblait que Shen Siwei avait deviné juste. Il pouvait effectivement contrôler les matériaux moléculaires de sa peau, y compris les particules magnétiques et les polymères très résistants.

Tant qu'il déplaçait les particules magnétiques, son visage perdait sa magnétisation. Et tant qu'il déplaçait les polymères ailleurs, la peau de cette zone retrouvait sa résistance normale.

— Il faut absolument que je me fasse examiner, dit Shen Siwei en utilisant le poignard pour retirer la carte d'identité implantée dans son poignet, qui servait de traceur de localisation.

Il poussa un soupir, puis regarda Klet :

— Maintenant, nous pouvons aller rencontrer les Rossignols.

 

 



Leizhe ? 🥺 



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Commentaires

  1. Ah enfin du mouvement ! J'espère qu'il ne va plus se faire capturer par Moran 😤

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