Top Edge : Chapitre 50 - Tu m'aimes vraiment
Shen Siwei paraissait plus heureux qu’il ne l’avait été
depuis longtemps.
Un bonheur pur, simple, sans autre nuance.
Mais avant qu’il n’ait le temps de poursuivre sa conversation avec Leizhe, une main surgit et lui attrapa le poignet, ferme, impatiente.
— Viens avec moi.
Dans la voix de Klet, il y avait de l’agacement, une tension mal contenue. Shen Siwei, encore engourdi par la convalescence, cligna des yeux, un peu perdu. Il sortait à peine de chirurgie, pourquoi réagissait-il comme ça ?
Il aurait voulu continuer à parler avec son vieil ami, mais à voir la mine boudeuse de Klet, il comprit qu’il valait mieux d’abord calmer la tempête.
— Leizhe, lança-t-il en se laissant entraîner, on parlera
plus tard.
— Où allez-vous ? demanda ce dernier.
Il fit un pas pour les suivre, mais Malken posa une main sur son épaule et murmura :
— C’est une conversation privée, laisse-les.
— Hein ?
Leizhe resta figé, impuissant, à regarder son capitaine se faire tirer par le bras.
⸻
Le bâtiment du salon de coiffure n’était plus qu’une ruine
éventrée.
La moitié seulement tenait encore debout ; l’intérieur, ouvert à tous les
vents, baignait dans un clair de lune froid.
Les escaliers, eux, avaient survécu ; étroits, grinçants, menant toujours
jusqu’au toit.
En sortant du sous-sol, Shen Siwei sentit l’air nocturne s’écraser sur sa peau.
La lune flottait, pâle et isolée, dans un ciel d’encre. Il jeta un œil à sa montre : il avait dormi une journée entière. Aucun malaise, aucune douleur ; juste cette étrange légèreté dans la poitrine.
Il n’eut pas le temps d’interroger Klet que celui-ci se retourna d’un coup et l’attira brutalement contre lui.
— Klet ?
Les bras de l’homme se refermèrent autour de son dos, d’une
force presque écrasante.
Shen Siwei leva instinctivement le menton, posa ses mains sur sa taille et
tenta de le repousser un peu :
— Qu’est-ce qui t’arrive ?
À peine avait-il créé un espace que Klet le ramena aussitôt dans une étreinte plus serrée encore.
— Pourquoi tu ne m’as pas regardé quand tu t’es réveillé ? murmura le fugitif, la tête enfouie dans le creux de son cou. Sa voix vibrait d’un reproche contenu.
Shen Siwei se figea, puis un sourire, à peine perceptible, lui échappa.
— Tu boudes encore pour ça ?
Klet ne répondit pas. Son étreinte, elle, se fit plus possessive.
Si quelqu’un d’autre que lui était pris ainsi, pensa Shen Siwei, il en sortirait probablement avec une vertèbre en moins.
— D’accord, ne sois pas en colère, soupira-t-il en lui tapotant doucement le dos. Je n’ai pas vu Leizhe depuis longtemps. Réfléchis un peu : si tu retrouvais un ami après vingt ans, tu ne serais pas impatient toi aussi ?
Il pensait que ce serait suffisant. Mais non. Klet serra encore, à l’en étouffer.
La patience n’était pas le point fort de Shen Siwei. Et il estimait avoir déjà fait un effort colossal.
— Klet, dit-il plus fermement, en posant ses paumes sur sa poitrine.
Il appuya, se dégageant légèrement, fronça les sourcils.
— Tu es déraisonnable.
Un silence tendu, puis une voix grave, un peu rauque :
— Tu as dit que ton nom était Shen Siwei.
Ah. C’était donc ça.
Le soldat voulut s’expliquer, mais Klet enchaîna :
— Leizhe m’a dit que tu étais mort.
Le regard du fugitif se planta dans le sien, lourd, brûlant.
— Tu t’appelles Shen Siwei.
— Oui, admit-il, un peu surpris par la direction que prenait tout ça.
— Il y a vingt-cinq ans, la personne qui m’a sauvé s’appelait Shen Siwei.
La ride entre ses sourcils s’effaça. Le capitaine resta figé.
— Que veux-tu dire ?
— Je cherche cette personne depuis vingt ans. Et c’est toi.
Klet resserra son étreinte, submergé par un flot d’émotions qu’il ne savait pas exprimer autrement.
— Pourquoi ne me l’as-tu pas dit plus tôt ?
Shen Siwei, lui, n’y comprenait pas grand-chose. Dans ses souvenirs, il s’était bien porté volontaire pour des modifications physiques, mais aucune mission de ce genre ne lui revenait.
Et pourtant…
Ce qu’avait dit Leizhe plus tôt, qu’il l’avait cru mort dans une explosion, prenait
soudain un autre sens.
Moran.
Le vieux renard avait non seulement implanté de faux souvenirs, mais
probablement verrouillé ceux qui contredisaient son plan.
— Je ne me souviens pas, dit-il lentement. Donc, tu dis que
je suis descendu ici il y a vingt-cinq ans, pour une mission… et que je t’ai
sauvé ?
— Oui, confirma Klet. Et cette fois fait la troisième.
Shen Siwei eut un rire bref, incrédule.
— Impossible. Je n’ai jamais désobéi aux ordres.
Loyal à l’Arbre de Vie jusqu’à la moelle. S’il l’avait vraiment aidé, alors quelque chose lui échappait.
— En fait, reprit Klet, je m’en veux de ne pas l’avoir
compris plus tôt. Je t’ai dit que tu ressemblais à mon ami. Vous êtes descendus
tous les deux en mission, et tous les deux, vous m’avez aidé. Pourquoi n’ai-je
pas fait le lien ?
— Pourquoi, en effet ? demanda Shen Siwei. J’ai pourtant la même tête, non ?
— Quand tu m’as sauvé, j’étais encore enfant. Je ne me souviens plus bien de
ton visage. Seulement de tes yeux et de tes cheveux noirs.
Et soudain, tout s’éclaira. Dans les enregistrements de Klet, Shen Siwei avait les cheveux dorés. Et il avait apparemment utilisé une fausse identité, très loin de celle d’un militaire confirmé.
Pas étonnant qu’il ne l’ait pas reconnu.
— Attends, donc à l’époque, tu avais cinq ans ?
Un sourire malicieux fendit son visage.
— Alors tu n’étais qu’un petit morveux.
Klet plissa les yeux, vexé.
— Tu m’appelles ton ami, mais vu la différence d’âge, je devrais être ton grand frère, non ?
Il n’eut pas le temps de savourer sa pique : Klet arracha son masque d’un geste et l’embrassa.
Une main agrippa sa nuque, une langue s’imposa entre ses dents. Shen Siwei, surpris, céda malgré lui.
Privé d’oxygène, il sentit ses jambes fléchir. Il finit par le repousser, remit précipitamment son masque. Ses joues, rosies sous la lune, le trahirent.
— Ne touche pas à mon masque.
— Tu n’aimes pas quand un petit morveux t’embrasse ?
— Je n’aime pas ça.
Klet eut un rire léger, conscient que c’était un mensonge.
— Malken m’a dit que tu traites ton sauveur comme une idole,
dit Shen Siwei, le menton relevé. C’est comme ça que tu traites une idole ?
— Je veux faire plus que ça.
Shen Siwei resta sans voix.
Klet donnait tout, brut, sans filtre. Et lui, face à ça, se retrouvait désarmé.
En y repensant, tout s’emboîtait : les lettres, la
nostalgie, la fixette.
Vingt ans à espérer, à se retenir. Il y avait de quoi exploser.
— Ne réfléchis pas trop, finit-il par dire en s’écartant. Et ne t’avise pas d’en faire plus sans permission.
Il tourna les talons, mais Klet l’attrapa par la taille et souffla tout contre son oreille :
— À quoi tu penses ?
Son souffle chaud caressa son lobe, glissant le long de sa
nuque comme une décharge.
Shen Siwei comprit soudain : il était en train de le séduire. Délibérément.
Il allait protester quand Klet, d’une voix plus basse, murmura :
— Je voulais juste que tu te souviennes de moi.
La sincérité de ces mots le toucha. Shen Siwei leva la main et caressa doucement la tête de Klet.
— Je n’arrive vraiment pas à me souvenir, dit-il.
— Mais tu te souviens de Leizhe.
— Parce qu’il a toujours été là, répondit Shen Siwei. Moran a dû effacer les
souvenirs qui me liaient à toi. Ceux qui le dérangeaient. Leizhe, lui, faisait
partie du tableau.
Klet resta muet.
Puis, sans prévenir, il mordit son cou.
Le soldat ne bougea pas. Sa peau, résistante aux balles, ne sentit rien.
— Ta peau est vraiment trop dure, grogna Klet.
Shen Siwei soupira.
— Recommence.
Cette fois, il désactiva la protection moléculaire.
La morsure fut réelle, vive.
Klet comprit aussitôt qu’il venait de lui offrir sa vulnérabilité, et relâcha la pression. Puis, lentement, il effleura la marque de sa langue avant de redresser la tête.
Shen Siwei remit son col en place, un sourcil haussé.
— Ça te suffit ?
— Hmm.
Un sourire, satisfait.
Décidément, pensa Shen Siwei, calmer un petit morveux n’était pas si compliqué.
Mais Klet, lui, ajouta tranquillement :
— Trois fois. Trois fois que tu as pris mon parti. Tu
m’aimes vraiment.
— Hein ?
Shen Siwei leva les yeux au ciel.
— Ne sois pas prétentieux.
Peut-être qu’il n’avait pas complètement tort.
Peut-être que cet attachement instinctif venait de ces souvenirs perdus.
Peut-être qu’une partie de lui l’avait toujours reconnu.
Mais ça, il ne l’admettrait pas.
— Tu ne m’aimes pas ? demanda Klet, le ton plus bas.
— Les enfants ne devraient pas parler d’amour.
— À tes yeux, je suis juste un enfant ?
— Ne l’es-tu pas ?
— Très bien.
Il lui prit le poignet.
— Viens.
— Où ça ?
Avant qu’il ne puisse répondre, une voix monta du couloir :
— Boss ? Vous avez terminé ?
Malken.
Klet se retourna, irrité :
— Quoi encore ?
— Leizhe veut parler de l’accord.
— Je suis occupé.
Mais avant qu’il n’ait pu ajouter autre chose, Shen Siwei s’avança, impassible :
— On arrive.
J'ai cru que je n'allais pas arriver à poster aujourd'hui ! Wattpad a supprimé Top Edge de sa plateforme, sans que je comprenne pourquoi et évidemment, ayant traduit le chapitre 50 directement là-bas, quand j'étais chez mon médecin, j'avais oublié de le copier ailleurs et du coup j'ai dû recommencer la traduction tout à l'heure. Bref.... Je HAIS cette application !
Je pense que la semaine prochaine, il n'y aura que Mo Du et que celle d'après, si tout va bien, on reprendra Top Edge en plus. Je préviendrai sur Instagram.
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de Fripon/WP : Merci pour ces chapitres, shen siwei et klet sont vraiment attachants. Quel plan diabolique Moran va-t-il échaffauder!
RépondreSupprimerCoucou ! Ça me fait plaisir de te retrouver ici ☺️
SupprimerOui, ils sont adorables. J'ai traduit l'histoire car j'ai apprécié leur dynamique d'ailleurs. Moran, tant qu'il n'est pas mort, je ne me sens pas tranquille.... Il reste encore 27 chapitres après tout.
En cherchant des "fantraductions" des danmei, je suis tombée sur votre blog. J'ai découvert Top Edge et j'ai bien aimé. C'est comme un film d'action. Et j'imagine facilement l'univers. Pas trop de personnages ni des fractions. Et la traduction française est agréable à lire. Fluide, ça s'enchaîne bien. Pour ça, je vous remercie de nous avoir découvert ce danmei. Et bon courage pour continuer et terminer à traduire cette histoire que je suivrai avec plaisir.
RépondreSupprimerOui, Top Edge est une petite histoire assez légère, pas compliquée à traduire et facile à suivre. Pas la meilleure de l'auteur comme je l'ai dit, mais très divertissante selon moi, avec un couple principal qu'on prend plaisir à suivre, et c'est pour ça que je voulais la traduire. Merci beaucoup pour le commentaire et la motivation ☺️
SupprimerMerci beaucoup pour la traduction, c'est un très grand plaisir
RépondreSupprimerC'est un plaisir partagé :) Merci pour ton commentaire.
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