Top Edge : Chapitre 51 - Parce que c'est Lui

 

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Quand tous trois revinrent du toit pour retourner au salon, Leizhe était assis au bureau, en pleine conversation téléphonique.

Malken s’approcha et s’adossa au meuble, tandis que Shen Siwei et Klet prenaient place sur le canapé deux places.

Les quatre occupaient chacun un coin différent, mais la pièce étant petite, ils restaient tous proches les uns des autres.

En voyant les trois revenir, Leizhe écourta son appel, tourna sa chaise vers Shen Siwei et demanda :

— Capitaine, que pensez-vous de l’accord ?

Même si Shen Siwei n’était là qu’en tant qu’observateur, sans doute à cause de son passé de supérieur de Leizhe, celui-ci cherchait quand même son avis avant de trancher.

La mémoire du militaire était morcelée, il apprenait tout au compte-gouttes, difficile donc d’avoir une vision claire des choses.

Mais il pouvait tout de même proposer une idée :

— Faites connaître l’accord à tout le monde.

Après tout, cet accord avait été signé par sa mère en personne, et il ne voulait pas que cette page de l’histoire disparaisse dans l’oubli.

— C'est une évidence, dit Leizhe en croisant les doigts qu’il posa sur sa cuisse, adoptant la posture d’un chef. Mais il nous faut un plan complet d’abord. Par exemple, que fait-on après sa divulgation ?
— Si on le rend public sans réfléchir, ça risque de passer inaperçu, et on gâcherait l’accord, ajouta Malken.

Shen Siwei baissa les yeux, réfléchit un instant, puis se tourna vers Klet à côté de lui :

— Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?
— Rien, répondit Klet en s’affalant paresseusement dans le dossier du canapé. Je suivrai ce que tu décideras.

Vu son air désinvolte, il était clair qu’il n’allait rien proposer d’utile.

Shen Siwei reporta son attention sur Leizhe :

— Avez-vous envisagé la force ?
— Oui, répondit Leizhe en croisant les bras.
— Si après la publication, beaucoup de civils décident de nous rejoindre, dit Malken, ce serait une option.

Le militaire fronça légèrement les sourcils, sans répondre.

— Capitaine, vous pensez que ce n’est pas une bonne idée ? demanda le leader des Rossignols, qui, après tant d’années à ses côtés, lisait ses réactions à la moindre expression.

Shen Siwei pinça les lèvres :

— Si on déclenche une guerre, personne n’y gagnera. Au final, toutes les régions pourraient finir comme le district Ouest de la Ville Z.
— C’est vrai, approuva Leizhe.

Malken se gratta la joue du bout de l’index en soupirant :

— Mais c’est presque impossible de renverser la domination des Marg sans utiliser la force.

Le silence retomba. De toute évidence, même en tant que chef des Rossignols, Leizhe ne savait pas encore comment exploiter cet accord correctement.

— Ou alors, dit Shen Siwei en remuant légèrement les lèvres, laissez les gens décider.
— Comment ça ? demanda son ancien soldat.
— Certains sont prêts à se battre pour leurs droits, d’autres veulent juste vivre en paix. Une fois l’accord rendu public, certains civils ne s’y intéresseront pas, le verront comme une vieille histoire, parce qu’ils se sont habitués à leur vie actuelle. On ne peut pas respecter chaque choix individuel, mais on peut respecter celui de la majorité.
— Vous proposez un référendum national ? demanda Leizhe.
— Et si la majorité veut garder le statu quo ? ajouta Malken.
— Dans ce cas-là… répondit Shen Siwei après une pause, vous aurez déjà la réponse.

Les Rossignols n’étaient pas une organisation terroriste : ils n’allaient pas menacer l’Arbre de Vie pour satisfaire leurs envies personnelles. Ils se battaient contre les Margs pour les droits des civils. Si, après avoir révélé toute la vérité, le peuple choisissait quand même d’être dirigés par les Margs, alors ils perdraient naturellement leur légitimité.

Leizhe fronça les sourcils, inquiet qu’un tel résultat puisse se produire.

Shen Siwei poursuivit :

— Mais vous devez croire que la majorité aspire à la liberté.

Comme lui-même : après avoir appris certaines choses, même s’il avait juré fidélité à l’Arbre de Vie, il ne voulait plus être contrôlé.

— Très bien, j’ai compris, dit Leizhe en soupirant de soulagement, comme s’il déposait un poids. Merci, Capitaine.
— Et maintenant, on fait quoi ? demanda Malken.
— On ne peut pas publier l’accord directement, sinon l’armée va parler de complot, répondit Leizhe. Il vaut mieux que ça circule d’abord par des voies non officielles.
— Mais est-ce que les civils accepteront de faire circuler quelque chose auquel ils ne croient pas encore ? demanda Malken.
— Si les civils ne le font pas…

Leizhe s’interrompit, et Malken comprit aussitôt. Ils dirent ensemble :

— Les réfugiés.

Leizhe ne les connaissait pas bien. Malken en connaissait quelques-uns, mais peu assez proches pour lui rendre un service de ce genre.

Ils se tournèrent donc tous les deux vers Klet, qui s’ennuyait ferme à côté de Shen Siwei.

— Boss, dit Malken avec un air sincère, on a besoin de toi.
— Vous voulez que je contacte les réfugiés ? demanda Klet.
— Ils t’écouteront forcément, affirma Malken.
— Pas forcément, répondit Klet. Je suis parti depuis longtemps.
— Ils se souviennent toujours de toi, insista Malken. Quand ils n’ont aucune raison de trinquer, ils trinquent pour toi, au bar près de la Place de la Musique.

Klet ne semblait pas au courant, et leva légèrement un sourcil :

— Vraiment ?

Shen Siwei trouva ça presque drôle. Il regarda Klet :

— À ce point-là. Tu as une telle influence ?
— Évidemment, intervint Malken. Sans le boss pour mener l’assaut, ils seraient encore coincés dans la ville souterraine.

Klet se décida finalement à agir. Il se leva et se dirigea vers le bureau :

— Je vais essayer.

Contacter les réfugiés ne représentait pas un enjeu pour Leizhe, alors il céda sa place à Klet et alla s’asseoir à côté de Shen Siwei.

La pièce semblait se diviser en deux zones : le bureau pour le travail, le canapé pour la détente.

— Capitaine, demanda aussitôt Leizhe à voix basse, vous êtes vraiment avec lui ?

Shen Siwei jeta un coup d’œil à Klet, occupé à faire défiler ses contacts et totalement ignorant de leur conversation.

— Je suppose, répondit-il.
— Comment ça, « je suppose » ? s’étonna Leizhe.

Shen Siwei manquait d’expérience en relations amoureuses ; il ne savait pas très bien comment définir ce qu’ils étaient, lui et Klet.

Ça ressemblait à… plus que ça. S’ils n’étaient pas ensemble, Shen Siwei n’aurait pas laissé Klet l’embrasser.

Ou, plus précisément : si quelqu’un avait osé le forcer à l’embrasser, cette personne serait déjà morte.

Comme Shen Siwei ne répondait pas clairement, Leizhe enchaîna :

— Alors dites-moi plutôt : est-ce que vous l’aimez ?

Shen Siwei réfléchit sérieusement :

— Je suppose.
— Pourquoi vous répondez toujours « je suppose » ? Vous n’êtes pas sûr de vous ?

Shen Siwei ne savait pas comment on définissait « aimer », mais il savait que Klet n’était comparable à personne d’autre.

Il demanda donc à Leizhe :

— Ça fait quoi, d’aimer quelqu’un ?
— Euh… fit Leizhe, pris au dépourvu, en se grattant le menton.

Ni l’un ni l’autre ne parvint à décrire la sensation.

— Ou alors, reprit Leizhe, est-ce que vous trouvez qu’il est spécial pour vous ?

La question, nettement plus simple, reçut une réponse immédiate.

— Oui, dit Shen Siwei. Spécial.

Avant que Leizhe ne continue, Shen Siwei ajouta :

— Quand je me suis réveillé, j’ai réalisé que je n’avais ni famille ni amis. Je me sentais détaché du monde, et très peu de choses pouvaient me faire réagir.
— Et maintenant ? demanda Leizhe.
— Maintenant, c’est différent. Je l’ai, lui.
— Mais c’est bizarre, dit Leizhe, perplexe. La première fois que vous l’avez rencontré, il n’avait que cinq ans. Capitaine… est-ce que ça veut dire que…

Shen Siwei leva un sourcil :

— Ne te fais pas d’idées absurdes.
— Alors c’était sûrement la rencontre d’il y a cinq ans, rectifia rapidement Leizhe. Peut-être que pendant cette période, vous avez développé des sentiments particuliers pour lui.
— Je ne sais pas, répondit Shen Siwei pensif. La première fois, je l’ai sauvé par pitié. Mais si la deuxième fois, j’ai choisi de l’aider, c’est que quelque chose en lui m’a touché.
— Je comprends, dit Leizhe. Mamai a raconté que cette nuit-là, aucun réfugié n’a voulu s’avancer, et au final, c’est lui qui a chassé les loups du désert avec vous.
— Mamai ?
— Ahem, Malken, corrigea Leizhe. « Mamai », ça sonne mieux.
— C’est vrai, dit Shen Siwei. Vous êtes proches ?
— Après le départ de Klet de l’Arbre de Vie, il m’a toujours suivi, répondit Leizhe. Il m’a beaucoup aidé, et je me sens en sécurité quand il est là.

Shen Siwei hocha la tête :

— Au fait, comment êtes-vous devenu chef des Rossignols ?
— En réalité, à l’origine, l’Ancien Faucon n’était pas une organisation terroriste. Mais il s’est divisé en deux factions. Cette fameuse nuit, le chef de la première génération m’a sauvé et m’a dit que l’armée menait des expériences sur des soldats vivants. Au début, je n’y croyais pas : un scientifique en chef avait déjà été condamné, alors comment les expériences pouvaient-elles continuer ? Mais j’ai fini par découvrir que c’était vrai, alors j’ai rejoint le Faucon. Ensuite, à cause des conflits internes et de la pression accrue de l’armée, il a été dissous peu après. J’ai passé quelques années à réorganiser tout ça, et j’ai fondé les Rossignols.
— Et si, demanda Shen Siwei, le choix des civils n’est pas celui que vous espérez ?

Leizhe resta silencieux, puis avoua :

— Honnêtement, je ne laisserai pas ce résultat arriver.
— Vous pensez pouvoir convaincre tout le monde ?
— En réalité, nous avons un atout majeur. La Centrale Énergétique des Profondeurs est réparée. Les gens n’ont plus besoin d’accepter la domination des Margs, expliqua Leizhe. Je l’avais dit à Klet : contrôler l’énergie, c’est contrôler le pouvoir. Il pourrait très bien devenir un leader, mais il n’en a aucune envie.
— Il n’est pas vraiment porté sur ce genre de choses.
— Oui, soupira Leizhe, désabusé. Mais assez parlé de sujets sérieux. Capitaine, vous êtes vraiment décidé à être avec Klet ? Vous n’êtes pas du genre à avoir besoin d’un partenaire, ça ne vous ressemble pas.
— Les gens changent, dit Shen Siwei, reconnaissant l’influence du journal d’Amor. J’aime bien avoir quelqu’un à mes côtés maintenant.
— Si c’est juste la compagnie qui vous plaît, dit Leizhe très sérieusement, pourriez-vous le remplacer par quelqu’un d’autre ?
— Non, répondit le capitaine en fronçant les sourcils. Je ne supporte ses caprices et ses crises que parce que c’est lui. Je n’aurais pas autant de patience pour d’autres.

À ce moment-là, il eut l’impression de saisir quelque chose : son affection pour Klet s'exprimait le plus clairement dans sa capacité à le supporter.

En comparaison, sa tolérance à lui était beaucoup plus mesurée que l’affection débridée du jeune homme, ce qui le rendait incapable d’exprimer ses sentiments aussi librement.

Mais il en était certain : seul Klet pouvait lui inspirer cette forme de tendresse.

— Très bien, dit finalement Leizhe, comprenant aussi ce que ressentait Shen Siwei et abandonnant enfin ses inquiétudes, non sans une pointe d’amertume. Tu me gâtais plus que tout autrefois.
— C’est parce que je te considérais comme un petit frère.
— Et lui, ce n’est pas un petit frère ?

Tout en parlant, leurs voix montaient peu à peu…

Au même moment, Klet tourna brusquement la tête, l’air agacé.

— Shen.

Il avait visiblement capté qu'ils chuchotaient dans son dos.

Shen Siwei s’avança vers le bureau, et le bras de Klet se posa aussitôt autour de sa taille, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.

— Tu as fini de les contacter ?
— Ouais, ils sont tous prêts à aider, répondit Klet. Tu veux sortir marcher un peu avec moi ? Ça fait longtemps que je ne suis pas allé dans la Cité Z.
— D’accord, dit Shen Siwei.

Puis, se rappelant quelque chose, il se tourna vers Malken et ajouta sans réfléchir :

— Au fait, Maimai, merci pour l’opération.

Les trois autres, ébahis, le regardèrent, les yeux écarquillés.

Hum hum. Leizhe plissa légèrement le regard.

— Capitaine, il n’y a que moi qui ai le droit de l’appeler Maimai.

Shen Siwei, haussa les sourcils, perdu. 

Pourquoi ça ?

 

 

 

 


 Siwei, imagine la réaction de Klet si quelqu'un t'appelait Shenshen et tu auras ta réponse ! 😋

Top Edge est de retour, mais avec 2 chapitres par semaine au lieu de 3 pour le moment. Le lundi et le mercredi. Pour Mo Du on reste encore à 1 chapitre le samedi.  

Je vais bientôt partager un lien Nocteller et AO3 pour les deux traductions je pense.

Sinon j'ai inauguré la catégorie Histoires Originales et je rappelle que si vous êtes autrice/auteur et cherchez un lieu de plus où archiver vos histoires (fanfictions comprise, tout comme la poésie ou autre), elles sont les bienvenues. 

 

 

 

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