Top Edge : Chapitre 58 - La vengeance, Shen Siwei pouvait la porter pour lui

 

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Shen Siwei leva le bras pour protéger Amor et Avis derrière lui. Il comptait les repousser, mais à peine avait-il fait un pas qu’Avis contourna son bras pour se placer devant lui.

— C’est moi qui ai tout fait. Laissez-les partir, je reste, dit Avis à Moran.

Shen Siwei rattrapa aussitôt son bras et souffla :

— Ne fais pas l’idiot.

Il reconnaissait le courage d’Avis dans une situation pareille, mais il savait aussi qu’il était le seul des trois capable d’encaisser les coups et de les couvrir.

Moran ricana en direction d’Avis :

— Tu as vraiment une haute opinion de toi.

Avis resta planté là, immobile.

— Au fait, fit Moran en regardant par-dessus la tête d’Avis pour accrocher les yeux de Shen Siwei. Je comprends que tu aies emmené Amor. Mais lui ? Vous vous connaissez ?

Visiblement, Moran ignorait encore qu’Avis était un Rossignol. Qu’il doute n’était pas surprenant : si Avis n’était qu’un badaud sans lien, pourquoi se serait-il jeté devant eux ?

— C’est juste par commodité, répondit calmement Shen Siwei.
— Vraiment ? Alors il ne vaut rien.

Moran dégaina soudain et mit Avis en joue, prêt à tirer.

Tout alla très vite. Le cœur de Shen Siwei bondit. Heureusement, il réagit à temps. Au moment où Moran pressa la détente, il tira Avis vers lui, pivota, et encaissa la balle.

Le projectile le frappa sans douleur ni blessure, mais, déséquilibré, il tomba au sol avec Avis.

— Négociateur ?! s’écria celui-ci, paniqué, cherchant une blessure dans son dos.

Amor se précipita et les soutint tous les deux :

— Moran ! Ça va pas ?!

Shen Siwei voulut lui dire qu’il était trop naïf, s’il le réalisait seulement maintenant. Il répondit simplement :

— Ça va. La balle peut pas me tuer.
— Négociateur ? répéta Moran en arquant un sourcil, vexé d’avoir été dupe. Donc vous vous connaissez.

Craignant un second tir, Shen Siwei agrippa le bras d’Amor :

— Prends-le et trouve une pièce où vous cacher.

Avis n’avait aucune valeur pour Moran, mais Amor, lui, c’était autre chose. Un « Marg » en guise d’objet de collection, ça ne courait pas les rues. Et Amor était le fils du chef de l’Arbre de Vie. Avec un Avis couvert de bleus et un Amor intact, Moran devait clairement tenir à sa « pièce rare ».

— Et toi ? demanda Amor.
— Je m’en sortirai.

La balle ne l’avait pas affecté : c’était suffisant comme preuve. Amor n’insista pas, aida Avis à se relever et s’engagea plus loin dans le couloir. Avec Amor à ses côtés, Moran n’osa pas tirer une seconde fois.

— Cachez-vous, alors, lâcha le colonel en rangeant son arme. Une petite partie de cache-cache dans un sous-sol, c’est plus amusant, non ?

Il se délectait visiblement de la traque. Shen Siwei le comprit aussitôt.

Moran descendit les escaliers et se pencha vers lui, lui attrapant la mâchoire.

— Toi, qui t’a réveillé ?

Shen Siwei le fixa froidement, muet.

— Ou bien tu faisais semblant de dormir ? lança le colonel, soudain suspicieux.

Personne ne pouvait réveiller Shen Siwei dans ce sous-sol. Donc il simulait. Moran plissa les yeux.

— Toujours en train de me surprendre.
— Alors ? fit le capitaine, sombre. Mes surprises ne te plaisent pas ?

Moran le lâcha pour mieux le gifler.

— Il t’a appelé “négociateur” tout à l’heure. Donc tu as retrouvé la mémoire.

La tête de Shen Siwei heurta le mur. Il peina à se stabiliser. Pas assez d’énergie pour se lancer dans un duel verbal. Il baissa les yeux, passa sa langue sur ses dents et retint le réflexe d’écraser la micro-capsule.

— Pas encore.

Il l'avait déjà compris : il n’y avait que deux façons de sortir du troisième étage. Par la force. Ou « normalement ». Et avec la scène montée par Moran — Shen Siwei soi-disant évadé du laboratoire —, il serait très vite recherché par l’armée. Même sans cette mise en scène, il restait une propriété militaire. Impossible de sortir tranquillement. Sous surveillance, impossible de s’échapper avec Avis en vaisseau, sauf en volant un chasseur. Donc la capsule n’était à utiliser qu’au dernier moment. L’idéal restait de sortir « normalement ». Et pour cela, il n’y avait qu’un seul homme qui pouvait l'aider : Miller.

D’où l’importance de convaincre Amor, son seul lien direct.

Abandonner Amor reviendrait à ne compter que sur une fuite violente avec Avis. Sans contact avec Miller, Moran pouvait tout manipuler. Les coordonnées d’Amor étaient déjà envoyées. Avec un peu de délai réseau, Miller arriverait bientôt. À ce moment-là, Moran ne pourrait plus agir librement. Mais même ce second plan avait son risque.

Si Miller refusait de le laisser partir, il aurait au moins la capsule comme ultime échappatoire.

— Tu ne parles toujours pas ? grommela Moran en attrapant ses cheveux pour le traîner vers le couloir. Profite bien, c’est le peu de temps qu’il te reste pour revoir tes souvenirs.

Quoi ? Moran pouvait effacer ses souvenirs ?

Shen Siwei n’avait plus la force de résister. Il se laissa tirer jusqu’aux escaliers. Sa peau ne marquait pas, mais les marches lui écrasaient le dos.

Arrivé au salon, Moran fouilla dans sa mallette et sortit une seringue.

— Tu te crois invincible ? lança-t-il en secouant l’objet. Intouchable ?

Les liquides jaune et bleu se mêlèrent en un vert sinistre. Shen Siwei songea à profiter d’un instant d’inattention. Mais depuis son réveil, il avait trop dépensé d’énergie. Même casser un verrou aurait été hasardeux.

— Tu ne connais pas ton propre corps aussi bien que moi, dit Moran en s’approchant. Si tu avais obéi, le Dr Chen devait te rendre tes fonctions cardiaques et pulmonaires. Et toi, tu trouves encore le moyen de tout gâcher ?

Shen Siwei resta figé. Ses fonctions cardiaques pouvaient être restaurées ?

— Mais tout ça n’a plus d’importance.

Moran se pencha, coinça son cou avec son genou et lui souleva les paupières.

— Tes yeux ne sont pas invincibles.
— Moran… ! suffoqua Shen Siwei.
— Cette injection est faite spécialement pour toi. Elle vient du laboratoire.

L’aiguille s’approchait dangereusement de la membrane externe de son œil. Moran savourait ça, son expression se tordant de plaisir malsain.

— Une fois dans ton cerveau, tu ne pourras plus jamais penser.

Il planta l’aiguille. Et dans l’instant, les yeux verts de Shen Siwei virèrent au rouge. Moran eut un sursaut. Il n’eut pas le temps de réagir : Shen Siwei arracha la seringue et la réduisit en miettes.

— Comment… comment tu…

Moran tenta de sortir son arme. Shen Siwei s’en foutait. Il lui saisit la gorge et le souleva net. Des coups de feu claquèrent, certains dans son corps, d’autres dans le mur. Sans effet. À vrai dire, il n’aurait pas voulu que Moran meure trop vite. Mais la capsule touchait à sa fin. Il devait aller droit au but.

— Repose en paix, dit-il simplement, toute cruauté évaporée.

Un bourreau clinique.

Il allait lui briser le cou quand des lumières clignotèrent dehors. Des soldats enfoncèrent la porte. Miller entra juste derrière eux.

— Capitaine Shen ? Que se passe-t-il ici ?
— Amor est en bas, répondit Shen Siwei.
— Général ! hurla Moran, comme un noyé retrouvant la surface. Général, sauvez-moi ! Il s’est échappé du laboratoire ! Arrêtez-le !

Miller connaissait la puissance de Shen Siwei. Sa dizaine de soldats ne valaient rien face à lui. Il était surtout stupéfait : comment Shen Siwei avait-il mis Moran au tapis sans masque ?

Il leva une main d’un geste presque suppliant.

— Capitaine Shen, relâchez le colonel Moran.

Shen Siwei ne bougea pas. Il aurait pu se contenter de le blesser pour limiter la casse. Se laisser une porte de sortie. Mais il ne pouvait plus lui laisser la vie sauve. Pas après ce qu’il avait retrouvé dans ses souvenirs.

Pourquoi n’avait-il pas prononcé le nom de Klet au téléphone ? Parce qu’il s’était souvenu que Moran avait tué la mère de Klet.

Seuls Shen Siwei et Moran connaissaient ce détail. Il avait envisagé de l’apprendre à Klet puis s’était ravisé. Klet n’avait pas besoin de revivre ça. La vengeance, Shen Siwei pouvait la porter pour lui.

Ces pensées ne durèrent qu’une seconde. La capsule aussi touchait à sa fin. Il détourna les yeux de Miller, puis brisa la nuque de Moran et le jeta au sol avant d’écraser sa tête du talon. Le colonel n’eut même pas le temps de supplier. Son crâne éclata. Le sang éclaboussa tout le monde. Miller resta tétanisé.

Shen Siwei, lui, sentit la capsule perdre son dernier souffle. Il s’écroula sur le canapé, peinant à respirer.

Miller finit par retrouver contenance, ravala sa colère, inspira profondément.

— Capitaine Shen, dit-il. Vous connaissez “l’Accord de développement de l’Arbre de Vie” ? Il circule beaucoup dernièrement.

Shen Siwei ne s’attendait pas à ça. Il fronça les sourcils, parfaitement crédible.

— Non.
— Alors il faut en parler. Je vous invite officiellement à l’étage supérieur.

Shen Siwei comptait d’abord sauver Amor, puis négocier sa liberté. Mais Miller n’avait visiblement aucune intention de le laisser partir. Et maintenant qu’il avait utilisé la capsule, la situation tournait mal.

— J’ai d’autres choses à régler, répondit-il calmement. Je ne peux pas rester.
— Aucune urgence, répliqua Miller. Je peux charger quelqu’un de régler vos affaires.

Après vingt-cinq ans dans la glace, il n’avait littéralement rien à régler. Mais il n’avait aucune autre excuse valable.

— L’Accord… a un lien avec moi ? demanda-t-il.
— Oui. Votre mère était la représentante civile quand il a été signé.

Shen Siwei feignit la surprise :

— Ah bon ?
— C’est pourquoi nous avons besoin d’un représentant civil aujourd’hui. Et vous êtes le meilleur choix.

— Mais…
— Votre rôle est essentiel, capitaine Shen, coupa Miller. Vous ne voudriez pas voir l’Arbre de Vie s’effondrer.

Shen Siwei ne pouvait ni refuser, ni prévenir Klet. Bloqué.

Il réfléchit un court instant :

— Très bien.

Il se tourna ensuite vers Avis et les autres rescapés :

— Ce sont des victimes. Général Miller, garantissez leur sécurité.

Soulagé qu’il accepte enfin, Miller acquiesça :

— Bien sûr.

 

 


Hier c'était le jour de ma perfusion donc je n'ai pas pu publier. 
 
 
 
 

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Commentaires

  1. Yeah Moran de mort ! Et de un ! Le Miller je ne l'aime pas non plis celui-là mais pas autant que l'autre pervers dead

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    1. Quand il est mort je me suis dis "ok, donc il existe des problèmes encore plus gros" 😂 Mais oui, ça fait tellement du bien qu'il soit enfin mort !

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