Le poids des châteaux de sable - Partie 3 (FIN)

 

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Partie 1 - Partie 2

 

 

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Micah était déjà sur la route lorsqu'il avait reçu le message de Tamim.

Misae, Nova et Lovis étaient restés dormir en ville, lui faisant promettre de leur donner des nouvelles dès que possible. La pluie était toujours soudaine et violente sur l'île, et même s'il s'était répété que mourir n'arrangerait pas les choses, il n'avait pu se résoudre à ralentir. Pas en sachant que Tamim avait besoin de lui.

L'écran bleu de la télévision était la seule source de lumière du salon, mais c'était bien assez.

Le cœur de Micah se serra immédiatement, avant même de pousser la baie vitrée pour entrer dans la pièce. Le miroir sur le mur d'en face était brisé, une trace de coup facile à deviner. Tamim était assis sur le canapé, une serviette enroulée autour de sa main, les yeux dans le vide. L'entendant, il tourna quand même la tête vers lui, sans dire un mot. Trempé, Micah retira rapidement son tee-shirt, sans l'essorer, le jetant simplement au sol. Il était déjà pieds nus, vu que c'est comme ça qu'il avait conduit.

Arrivé à hauteur de Tamim, laissant de l'eau sur son passage, il saisit le plaid pour l'enrouler autour de son corps, séchant sommairement le haut de ses cheveux et son visage. S'asseyant sur la table basse en bois, face au blessé, il attrapa sa main, déroulant la serviette imbibée de sang.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il doucement.

Tamim savait qu'il ne parlait pas du miroir, mais de la raison de sa fuite et de sa soudaine crise. Et repenser à ses idées ridicules, à ses angoisses et sa lâcheté, faisait gronder la petite créature hargneuse, haineuse en lui. Celle qui était encore révoltée, enragée et ne souhaitait que du mal à ceux qui l'avaient trahi et abandonné. La partie de lui qui n'était pas encore passée à autre chose. Qui voulait toujours en découdre et se venger, même de lui-même. Et voir Micah là, toujours aussi compréhensif, conciliant et tendre, alors qu'il avait été égoïste et immature, alors qu'il continuait à fuir et perdre son temps, leur précieux temps ensemble, ça l'énervait davantage.

Se relevant brusquement, il poussa Micah, ce dernier basculant, s'allongeant presque sur la table.

— Pourquoi es-tu là ? hurla-t-il, semblant l'accuser de quelque chose. Pourquoi es-tu venu ? Qu'est-ce que ça peut te faire, hein ? Pourquoi tu-
— Je serai toujours là pour toi.
— Parce que je t'ai envoyé un message ? Parce que tu te sens responsable ? Parce que sans toi, je ne serais pas en train de me poser toutes ces questions et je n'aurais pas encore l'impression d'avoir gâché ma vie ? hurla Tamim.

Et son monstre vicieux le mordait toujours plus fort à chaque mot, se nourrissait de la colère et de la douleur qu'il crachait. Il voulait que Micah s'énerve aussi, qu'il lui dise en avoir assez de ses caprices, de ses hésitations et de ses crises. Il voulait le voir crier, l'insulter et le bousculer.

"Dis-moi que je ne te mérite pas. Que j'ai trop attendu. Qu'il est trop tard."

— Parce que je tiens à toi, répondit calmement le blond.

Toujours aussi tendre et sincère.

— Je resterai même si tu me dis de partir, continua Micah. Je resterais tant que tes yeux me crieront de ne pas t'abandonner.
— ARRÊTE ! cria Tamim, levant le bras, comme pour se protéger.

Il s'éloigna à reculons, continuant de regarder Micah comme s'il le défiait de faire le moindre geste. L'autre se leva pourtant et avança dans sa direction.

— STOP !

Il semblait paniqué, reculant plus vite, sans regarder où il allait. Micah accéléra aussi, tendant le bras pour le retenir par le poignet et le pousser sur le côté, juste avant qu'il ne marche dans les débris du miroir. Les yeux écarquillés et le cœur battant anormalement vite, Tamim le regarda s'éloigner vers le petit placard sous l'escalier, sortir un balai puis ramasser les morceaux de verre.

Alors qu'il ne le quittait pas des yeux, aucun des deux ne prononçant le moindre mot, il sentit sa colère disparaître doucement, son monstre de nouveau silencieux.

Maintenant, il était juste fatigué.

— Ce n'est pas profond, mais il faut quand même désinfecter.

Micah avait fini de ramasser et le regardait, attendant qu'il le suive dans le couloir. Ce qu'il fit, la tête baissée.

La lumière de la salle de bain l'aveugla presque et il grimaça, fermant les yeux quelques secondes, pendant que le blond fouillait dans l'armoire à pharmacie.

— Et... et les autres ? demanda-t-il timidement, la sensation désagréable de l'antiseptique le faisant tressaillir.

Micah caressa la paume de sa main avec son pouce, dans un geste de réconfort sans doute inconscient.

— Ils découchent. Misae veut danser toute la nuit et tu la connais, ce n'est pas une façon de parler. Lovis suit évidemment et du coup, Nova joue les baby-sitters.

Tamim hocha la tête, ne pouvant s'empêcher de se demander s'ils lui en voulaient. S'ils pensaient qu'il avait refait sa star capricieuse.

— J'ai d'ailleurs promis de leur donner de tes nouvelles, donc quand on sera confortablement installés, on leur enverra une photo, histoire de les faire enrager un peu, sourit Micah. Je suis sûr qu'ils sont trempés comme des rats à l'heure qu'il est.

Comme toujours, il avait lu dans les pensées de Tamim, devinant ses inquiétudes et comme toujours, l'autre sentit une bouffée d'affection l'envahir.

— Merci, souffla-t-il. Je suis désolé d'être parti comme ça, je...
— Mims, tu as toujours été là pour moi aussi, arrête de penser que tu es un poids, l'interrompit Micah. C'est normal d'être présent pour les gens qu'on aime et de prendre soin d'eux.

Il souriait, son regard toujours rassurant et tendre, plongé dans le sien, et Tamim bougea avant même d'avoir le temps d'hésiter. Avant que l'autre ne puisse réagir, il posa ses lèvres contre les siennes.

Ça n'alla pas plus loin. Posant délicatement ses mains sur ses épaules, se détachant sans s'éloigner, comme pour bien lui faire comprendre que ce n'était pas un rejet, Micah le regarda droit dans les yeux.

— Je ne veux pas être une sorte de test, murmura-t-il presque. Je ne compte rien exiger de toi, mais je ne veux pas être "le seul ami gay que tu connaisses", qui te sert d'expérience.

Il n'y avait aucune colère dans ses mots. Aucun venin. Tamim secoua vivement la tête.

— J'ai toujours eu envie de faire ça. Bien avant de savoir que j'avais une chance, avoua-t-il. Ça fait des années.

Souriant, ses fossettes mettant davantage à mal sa concentration, Micah se pencha, ses lèvres frôlant les siennes.

— Dans ce cas....

Il marqua une micro pause, son souffle contre sa bouche, lui arrachant un frisson.

— Embrasse-moi.

Tamim obéit immédiatement. Le poussant contre le lavabo, il l'embrassa comme il en rêvait depuis bien trop longtemps. Prenant le contrôle, il resta malgré tout doux, tentant de transmettre le plus de sentiments possibles et toute sa sincérité. Il voulait que Micah comprenne qu'il n'était pas une expérience. Une première fois oui, quelqu'un d'à part et de spécial, mais absolument pas un test. Et que même s'il était encore maladroit et hésitant, il faisait de son mieux.

Les paroles de l'une de ses chansons tournant dans son esprit, il l'embrassait comme une promesse. Lui demandant de ne pas abandonner, de l'attendre encore un peu. Approfondissant doucement l'échange, sa main se pressa contre la nuque de Micah, lui arrachant un gémissement qui lui fit bien plus d'effet que toutes les choses qu'ils avaient pu fumer et boire sur cette île.




Aujourd'hui, Tamim avait dit à Lovis et Misae qu'il avait des sentiments pour Micah. Avant de quitter l'île, il y a plusieurs mois, il l'avait dit à Nova, le cœur battant, plus effrayé qu'il ne le considère pas à la hauteur que par l'aveu en lui-même.

Bien entendu, quand il l'avait dit à Ji Won, peu après son retour, son meilleur ami avait eu une réaction stupide qui lui ressemblait, gueulant en renversant à moitié sa bière, qu'il approuvait complètement son choix d'un sugar daddy en ces temps difficiles. Tamim avait pleuré, mais il était sûr que Ji Won était trop ivre pour s'en souvenir.

C'est étrange, après avoir été si longtemps conditionné à mentir à tout le monde, surtout à lui-même, il avait envie de crier partout ce qu'il ressentait pour Micah. Évidemment, il n'était pas encore prêt à le faire. Mais pouvoir parler fièrement de l'homme merveilleux qu'il pouvait désormais appeler sien, avec les gens qui lui étaient chers, c'était tout ce qu'il demandait. Jamais il n'aurait cru pouvoir un jour. Même pas en rêve.

Micah et lui étaient de nature discrète, ils aimaient vivre loin des flashs. Et après avoir tant perdu sous les projecteurs, Tamim avait choisi de "vivre caché pour vivre heureux". Il était donc certain que leur relation fleurirait loin des yeux du public. Ils n'en étaient qu'au début de toute façon.

De plus, ils étaient contraints de se contenter d'une relation à distance depuis la fin de leurs vacances. Le soi-disant retraité du rock était en tournée et lui, en pleine promotion pour son nouvel album. Après avoir passé tant de temps à ses côtés, surtout vu l'évolution de leur séjour et ce qui en avait découlé, c'était dur d'être séparé. Bien sûr, il y avait le téléphone et internet, mais ce n'était pas pareil.

C'est pour ça qu'il prenait l'avion, pour l'autre bout de monde, afin de surprendre son homme.

Assis dans l'aéroport, Tamim laissait son regard se perdre parmi la foule de voyageurs. Les allées étaient comme des rivières humaines, chacun portant son fardeau de valises et d'attentes. Les annonces résonnaient, mêlant les langues et les destinations, créant une symphonie discordante. Son magazine oublié près de lui, il pensait aux séances de psychanalyse qu'il avait entreprises. Aux débuts difficiles, à la réticence qu'il avait ressentie à se dévoiler, à creuser dans les strates de son inconscient. En chanson, il avait l'habitude. Écrire pour survivre, pour guérir, pour exister, il savait faire. Mais parler, c'était une autre histoire.

Il n'avait pas trouvé la bonne personne tout de suite, ce qui n'avait en rien aidé et plusieurs fois il avait abandonné, avant de reprendre sa quête, ne voulant pas laisser tomber avant d'avoir vraiment essayé. Et même une fois le médecin trouvé, il avait détesté et voulu fuir. Ratant plusieurs séances, trouvant excuses sur excuses, ne parlant pas ou peu, de sujets aussi ridicules que la météo et le foot.

"C'est vous qui payez monsieur Bonachera"

Oui c'était lui qui payait. Et au fond de lui, il savait que le prix n'avait rien à voir avec celui exorbitant des séances.

C'était lui qui payait et il ne le voulait plus. Alors il s'était lancé. Difficilement, maladroitement et avec mauvaise foi souvent, au début. Et mon dieu ce qu'il détestait ça ! C'était éreintant, douloureux, humiliant parfois et à chaque fois qu'il pensait avoir avancé, il se retrouvait, peu de temps après, dix pas en arrière.

Ça n'était pas une ligne droite sans détour, erreur, déviation, stop ou accident. Ça n'avait rien de magique ou d'évident et très souvent il se répétait qu'il serait bien plus heureux sans ses séances de tortures émotionnelles. Il soufflait des "plus jamais" en quittant le bureau de son médecin, persuadé de ne plus y remettre les pieds et se retrouvait sagement assis face à elle, la semaine d'après.

Il faisait lentement mais sûrement des progrès, il le savait. Ses angoisses, ces ombres qui dansaient au bord de sa conscience, avaient commencé à se dissiper et lorsqu'elles revenaient, il avait les armes nécessaires pour résister. Tout comme face à ses peurs, échos d'un passé qu'il ne voulait plus voir dicter sa vie. Au fil des mois, il avait appris à se connaître davantage, explorant les souvenirs enfouis, les sentiments refoulés. Appris à accueillir ses émotions, même s'il se laissait encore bien trop souvent submerger. La colère grondait toujours, bien évidemment, mais plus rarement et surtout, il l'acceptait, la verbalisait et la partageait. Laissant ainsi moins d'occasion à son monstre vicieux et cruel pour se nourrir tout en blessant ses proches.

Il faisait la paix avec son passé, acceptant chaque cicatrice comme une partie intégrante de son histoire, de son identité. Il découvrait un homme plus fort qu'il ne l'avait imaginé, capable de pardonner – non seulement aux autres, mais aussi à lui-même. Tamim avait réalisé que l'image qu'il avait de lui-même était souvent déformée, appris à se voir avec plus de bienveillance, à accepter ses imperfections. Il se sentait plus ancré, plus authentique, plus en harmonie avec lui-même.

Bien sûr, il se détestait encore souvent, pensait au passé, se laissait aller à l'apitoiement, au doute, à la paranoïa et se prenait régulièrement dans les pièges vicieux de ses démons. Il y avait des jours, des semaines, des mois "sans" et vivre n'était pas miraculeusement devenu une partie de plaisir. Malgré tout chaque découverte était une victoire. La sienne.

Comme toujours, la présence de Micah avait été un phare dans la tempête. À ses côtés pour chaque étape, son petit ami avait été une source de réconfort et de soutien indéfectible. Tamim savait qu'il pouvait compter sur lui.

Relisant pour la énième fois le message envoyé par Nova, il ne put s'empêcher de sourire. Apparemment, Micah, qui avait deux jours de repos, comptait aussi lui faire une surprise et le reste du groupe avait dû volontairement créer des mini-catastrophes pour l'empêcher de venir, afin que sa visite secrète ne soit pas compromise.

Savoir que son petit ami partageait son impatience, mais aussi que Nova et les autres soutenaient pleinement leur relation, le transportait de joie et c'est impatient et excité, mais sans le moindre doute, qu'il monta dans l'avion anticipant déjà les bras ouverts de Micah, prêt à l'accueillir.

 



Il se jeta au cou de Micah dès qu'il le vit.

Heureusement qu'il n'y avait qu'eux et le reste du groupe, qui s'éclipsa rapidement. Il n'avait de toute façon rien remarqué, bien trop occupé à embrasser son petit ami. Même en public, il n'était pas sûr qu'il aurait pu s'en empêcher. Micah lui avait follement manqué. Et maintenant qu'il était entre ses bras, qu'il pouvait le toucher, sentir sa chaleur, sa peau frissonner contre la sienne et s'enivrer de son odeur, il réalisait à quel point.

Il ne se souvenait plus comment ils avaient atteint la suite de Micah, ni s'ils avaient croisé du monde ou à quoi ressemblaient les couloirs du palace et ça n'avait aucune importance. Peut-être avait-il été impulsif, inconscient et que des photos d'eux circulaient déjà. Peut-être qu'une tempête se préparait et que demain, elle balayerait tout ce qu'il avait reconstruit, comme les vagues de cette île lointaine, devenue une seconde maison, emportaient ses nombreux châteaux de sable. Mais demain, c'était loin. Tout ce qui comptait, c'était l'instant présent. C'était Micah et lui, ensemble, dans cette chambre spacieuse mais chaleureuse.

Les lourds rideaux étaient tirés, bloquant une bonne partie de la lumière, offrant une ambiance presque tamisée, qui invitait à l'intimité. Dehors, il pleuvait violemment, le ciel se déchaînant, exactement comme le soir où Tamim avait demandé à Micah de l'attendre. Mais cette fois-ci, il n'y avait plus ni colère, ni urgence irrationnelle. Le brun avait le temps. Le temps de profiter de chaque instant. Le temps d'aimer Micah comme il en avait rêvé depuis si longtemps et d'être aimé en retour, comme il le méritait. Son petit ami chantonnait contre sa peau, le faisant frissonner et il prit enfin conscience du fond de musique sur lequel ils dansaient inconsciemment depuis qu'ils étaient entrés. Un simple balancement, pressés l'un contre l'autre, la tension montant encore et encore, prenant doucement le dessus.

Tamim leva la tête, croisant le regard de son homme, et la lueur plus sombre qu'il y vit, semblable, il en était certain, à celle qui illuminait le sien, l'enflamma davantage. Ne résistant pas, ne songeant même pas à le faire, il posa ses lèvres contre la gorge de Micah, malgré la barbe, ravi de le sentir frissonner. Inspirant son odeur, il déposa plusieurs baisers sur la peau chaude, remontant vers l'oreille, avant de redescendre jusqu'à la clavicule exposée par le tee-shirt blanc, au col en V bien trop plongeant pour son peu de contrôle.

Micah le laissa faire, profitant, ses mains se pressant sur ses hanches, tirant parfois sur son débardeur bleu nuit. Le petit son qui lui échappa lorsque Tamim mordilla sa gorge, fit grogner ce dernier, qui s'empara à nouveau de sa bouche. C'était plus urgent cette fois, plus exigeant. Micah ne le fit pas attendre, accueillant sa langue avec la sienne, glissant une main sous son haut, lui arrachant un frisson presque électrique.

Tamim en voulait plus.

Il voulait sentir le corps nu de son amant contre le sien et laisser chaque contact les consumer. Il voulait. Voulait encore. Voulait tellement. Et il savait que Micah allait tout lui donner. Tout ce qu'il désirait. Tout ce qu'il méritait. Tout ce qu'il avait cru ne jamais pouvoir avoir.

Le blond retira d'ailleurs son tee-shirt, comme pour confirmer ses certitudes, prouvant, une fois de plus, qu'il n'y avait pas besoin de mots entre eux. Mais Tamim se promit quand même de ne jamais plus hésiter à parler. À dire ce qu'il ressentait et désirait. Afin que son amant sache toujours à quel point il était précieux pour lui. Afin que jamais il ne doute de l'amour qu'il lui portait. Il voulait que Micah sache que son cœur était entre de bonnes mains, qu'il en prendrait soin. Alors il allait continuer d'apprendre. Continuer d'oser. Devenir plus fort et faire la paix avec lui-même.

Allongé sur le dos, Micah se cambra légèrement, le regardant dans les yeux, alors qu'il effleurait son torse du bout des doigts. Tamim n'arrivait plus à garder ses mains pour lui et il n'avait pas besoin de le faire. Micah ne le pressait pas, lui laissant contrôler le rythme et faire ce qu'il voulait. Étendu sur les draps clairs, son short de sport en coton tombant sur ses hanches, il s'offrait entièrement à lui. Sans la moindre réserve, peur ou hésitation. Et c'est le cœur prêt à exploser et la gorge nouée par l'émotion, que Tamim retira son débardeur, avant de se pencher pour l'embrasser à nouveau, espérant transmettre ce qu'il ressentait. Il ne savait pas toujours quoi dire face à tant d'affections et de confiance. Il apprenait encore.

Timidement, il laissa glisser sa main le long de la poitrine de Micah, atteignant son sexe éveillé, qu'il toucha par-dessus le coton noir, avalant son halètement en approfondissant le baiser. Le blond s'accrocha à son épaule, enfonçant un peu ses ongles dans sa peau et Tamim fut fasciné par ses réactions. Poussé par l'excitation et la curiosité, il remonta vers le rebord du short, dont l'élastique usé ne servait plus à grand-chose et le baissa doucement. Micah ne portait pas de sous-vêtement et le constat lui fit mordre la lèvre de ce dernier, qui se cambra, alors qu'il enroulait sa main autour de son érection. C'était la première fois qu'il touchait un pénis qui n'était pas le sien, mais bien qu'un peu étrange les premières secondes, la sensation n'était pas vraiment différente. Ou peut-être qu'il était simplement bien trop excité de caresser enfin son amant. Bien trop concentré sur celui-ci, qui mordillait sa lèvre en rejetant un peu la tête vers l'arrière.

— Je veux marquer ton cou, lâcha-t-il sans réellement le vouloir, les yeux rivés sur la peau mate, exposée si près de sa bouche. J'y pense à chaque fois, depuis toujours.

En réponse, Micah tourna la tête sur le côté, lui offrant plus d'espace. Et comme si ce n'était pas assez, il ajouta un "tout ce que tu veux", qui le fit couiner.

Ne perdant pas de temps, il explora d'abord avec sa langue, souffla ensuite dessus, tout en caressant son sexe avec plus d'assurance, se délectant de la chair de poule qui se forma. Puis ses lèvres se refermèrent autour de la chair humide et bouillante, ses dents ne tardant pas à faire de même. Son amant apprécia, l'encouragea, sa main se pressant contre sa tête.

Chevauchant l'une des cuisses de Micah, Tamim se souvint de sa propre érection, encore douloureusement compressée dans son jean. Malgré tout, la sensation avait quelque chose d'excitant et il se déhancha lentement, mordant plus fort le blond. Grognant, ce dernier amena sa main libre vers ses fesses, serrant un peu, l'encourageant à le chevaucher.

— Dis-moi ce que tu veux d'autre, souffla Micah, sa voix plus basse. Ton homme, te donnera tout ce que tu veux.

Tamim laissa échapper un son proche du sanglot, alors qu'il fermait les yeux, la vague d'excitation l'assaillant, presque trop forte. Micah embrassa sa joue, caressant lentement son dos le laissant se remettre doucement.

— Dis-moi Trésor. Je sais que ce ne sera pas aujourd'hui, qu'il est trop tôt, murmura-t-il. C'est toi qui décides du rythme, toi qui décides jusqu'où tu veux aller.

Saisissant son menton entre ses doigts, relevant son visage pour lui faire face, il lui offrit un petit rictus qui agit immédiatement sur le mouvement de son bassin. Tamim n'avait même pas conscience qu'il se déhanchait encore, se frottant désespérément à la cuisse de son amant.

— Mais regarde comme parler de ce que tu veux me faire, de ce que tu veux que je te fasse, t'excite, ajouta Micah, le ton de sa voix toujours plus érotique. Regarde dans quel état ça nous met.

Souriant, il vola un baiser à Tamim, reculant immédiatement, riant en le voyant s'avancer pour l'embrasser réellement. Léchant sa lèvre, il remonta un peu sa cuisse, pressant l'érection de celui-ci.

— Tu aimes ma bouche, Bébé ? s'amusa-t-il. Tu as envie de la voir autour de ta queue ? Envie de jouir entre mes lèvres ?

Tamim grogna, se retenant au torse de Micah, le griffant au passage. Il l'avait effectivement imaginé bien trop souvent à genoux pour lui. Comme il s'était imaginé le suçant à son tour, jusqu'à presque s'étouffer.

— Ou peut-être sur mon visage ? continua son amant. Hun, tu veux me marquer de ton sperme, me...
— Tes cuisses ! l'interrompit-il vivement. Tes...

Haletant, Tamim ne finit pas sa phrase, chevauchant de plus en plus vite son amant, s'accrochant à ses épaules, ce dernier le maintenant par les hanches. Se penchant pour l'embrasser, il se libéra finalement avant même de pouvoir le faire correctement, gémissant en continuant de se frotter contre lui, ralentissant peu à peu, pour finalement s'écrouler sur son corps ferme.

Une petite partie de lui était embarrassée d'être venue comme ça, si vite, dans son jean. Mais il était surtout sur un petit nuage et étonnamment, encore loin d'être rassasié.

Micah embrassa son front, joua avec ses doigts, glissant les siens entre, le laissant se remettre doucement.

— C'est horrible comme sensation, gémit finalement Tamim, contre le cou de son petit ami.

Comprenant immédiatement de quoi il parlait, Micah rit, basculant un peu sur le côté en se redressant sur un coude.

— Tu veux aller prendre une douche ?

Tamim secoua vivement la tête.

— Je veux encore te toucher, avoua-t-il, les mots seuls, suffisant à le faire haleter.

Il avait l'impression qu'il n'en aurait jamais assez. Qu'il en voudrait toujours plus de Micah. Qu'il voudrait prendre, prendre et prendre encore. Et donner tout autant. Il voulait tout offrir à son amant. Tout ce qu'il avait toujours caché aux autres et lui-même.

C'était exaltant et un peu effrayant. Mais tout allait bien, parce que Micah était là et que s'il y avait bien quelqu'un qui considérait chaque partie de lui, même les plus laides, abîmées ou honteuses, comme précieuses, comme un cadeau, c'était bien cet homme merveilleux, dont il était si facile de tomber amoureux.

Alors il se leva doucement, tremblant d'envie et sans doute autant d'amour et se déshabilla face au blond, avec l'impression que c'était bien plus que son corps qu'il mettait à nu. Il savait que Micah, qui ne le quittait pas des yeux, comprenait.

Micah comprenait toujours.

Il était celui qui avant tout le monde, avant qu'il ne le réalise lui-même, lui avait dit qu'il valait mieux que ça. Que l'argent et la gloire ne valaient rien face à sa précieuse âme, sa liberté et son bonheur. Et Tamim avait une chanson dans ses valises, pour lui dire que ça ne faisait pas non plus le poids face à ce qu'il ressentait pour lui.

Micah avait ouvert le tiroir à sa droite, sans même regarder, fouillant un peu pour sortir du lubrifiant, avant de retirer son short, le jetant par terre. Rampant sur le matelas, vers la gauche, le côté où Tamim l'observait encore, il croisa son regard et ce dernier se rapprocha, comme aimanté. Tamim s'assit sur le bord du lit et Micah frotta sa barbe contre sa joue, puis son épaule, avant de se baisser vers son sexe mou, le faisant frémir d'anticipation.

— Ne t'en fais pas Trésor, souffla-t-il. J'ai souvent pensé à te prendre jusqu'à ce que tu ne te souviennes plus que de mon nom, ou à chevaucher ta queue en te suppliant de jouir en moi, mais ça ne sera pas pour aujourd'hui.

Tamim n'était pas inquiet, mais il savait, qu'effectivement, c'était trop tôt pour ça. Même si les mots de Micah dessinaient des images douloureusement claires dans son esprit, en parfait accord avec tous ses fantasmes. Lui aussi y avait souvent pensé, pendant des années. Il voulait sentir Micah en lui et se glisser dans sa chaleur. Tellement que ça en était presque douloureux. Mais il n'était pas encore prêt. Les mots se bousculaient, mais la bouche qui se posa sur son sexe, les balayèrent au profit d'un gémissement.

— Tu as dit que c'était désagréable, alors laisse-moi te nettoyer bébé, murmura Micah, avant que sa langue ne le caresse.

Tamim écarta les jambes, sa main se crispant sur le rebord du matelas et l'autre dans les cheveux frisés blonds. Micah lécha avec application, nettoyant son sexe, glissant vers ses testicules, puis l'intérieur de ses cuisses, avant de prendre son membre entre ses lèvres, toujours plus loin, le suçant doucement. Tamim se sentit durcir dans sa bouche, jusqu'à être à nouveau aussi tendu et fébrile que lorsqu'ils avaient commencé. Il couina quand Micah se redressa, la chaleur humide lui manquant déjà, mais son amant déposa un baiser sur les lèvres, chuchotant à son oreille.

— Allonge-toi Trésor. Puisque tu veux jouir entre mes cuisses une prochaine fois, je vais te donner quelques idées.

Tamim frémit, impatient. Il s'allongea correctement sur le lit, sa tête sur l'oreiller, ne quittant pas son homme du regard.

— Sur le côté, ajouta ce dernier.

Obéissant, il pivota sur son flanc gauche et rapidement, il sentit Micah se coller à lui, son torse contre son dos. À cet instant précis, il était déjà certain que peu importe tout ce qu'ils tenteraient à l'avenir, cette position resterait une de ses favorites. La chaleur de son amant l'enveloppant entièrement, il laissa celui-ci le manipuler comme il le souhaitait, confiant. Et horriblement excité.

Il entendit le bruit du lubrifiant, sentit le souffle irrégulier de Micah à son oreille et ses mains qui le bougeaient encore, le plaçant dans la position souhaitée et puis enfin, son érection entre ses cuisses, frottant contre ses testicules. Un hoquet de surprise lui échappa, la sensation nouvelle lui tordant le ventre.

— Et-ce qu'est ok, comme ça ? demanda Micah.

Il lâcha un "oui" presque désespéré en réponse et son partenaire rit contre sa peau, le faisant frissonner entièrement, avant de pousser plus franchement son sexe contre le sien. Il couina, toujours plus surpris par ces sons qu'il ne se savait pas capable de produire et l'espace d'un instant, il s'imagina ce que ça pourrait donner en studio, avant de réaliser soudain qu'il y avait un miroir face à lui. Il pouvait se voir. Les voir. Il pouvait voir Micah pressé dans son dos et sans doute sa queue glissant contre la sienne.

Avec une quasi-frénésie, il tendit le bras, soulagé de voir qu'il arrivait à atteindre l'interrupteur. La lumière, heureusement pas trop vive, ne l'éblouit que quelques secondes et rapidement, il se retrouva face à son reflet et le rictus bien trop bandant de son amant. Pressant des baisers humides contre sa nuque, sans quitter son regard dans le miroir, il accéléra un peu.

— Alors, est-ce que mon bébé va vouloir essayer dans l'autre sens, voir ce que ça fait de se glisser entre mes cuisses ?

Tamim grogna, l'image dans son esprit et celle dans la glace, s'entremêlant.

— Peut-être que tu préfères que je me mette à quatre pattes, avec tes mains sur mes hanches, serrant jusqu'à laisser des marques ?
— M'cah ! OUI !

Tamim saisit le bout de son sexe humide, perlant, se caressant alors que Micah le regardait dans le miroir.

— Tu sais que dans cette position, tu pourras aussi me baiser, continua le blond chaudement. Il suffirait de pas-grand-chose pour que je te montre, pour que je me glisse en toi et te fasse languir et supplier longuement.

Tamim savait que son amant ne ferait rien, que c'était seulement pour l'exciter. Et mon dieu, ça marchait presque trop facilement. Il resserra sa prise sur son sexe, se caressant alors que Micah poussait encore plus vite.

— S'il te plaît, gémit-il. Bébé, s'il te plaît !

C'était la première fois qu'il appelait son amant ainsi, mais il n'y fit pas attention, trop occupé à se toucher, se perdant davantage dans le plaisir l'assaillant. Micah s'arrêta un bref instant, le faisant grogner, mais il comprit rapidement en sentant une nouvelle dose de lubrifiant entre ses cuisses et une sur son sexe. Tamim se toucha plus franchement, les poussées de son chanteur, de plus en plus brusques. Il tourna la tête pour l'embrasser et Micah le laissa glisser sa langue entre ses lèvres, passant un bras autour de lui, chacun servant d'ancrage à l'autre.

C'était humide, chaotique, tout ce que Tamim voulait à cet instant. La main sur l'avant-bras de son amant, plantant ses ongles dans la peau moite, il couina contre sa bouche lorsqu'ils se séparèrent, un filet de bave les reliant encore. Il jouit en premier, dans un cri silencieux, tremblant de la tête aux pieds. Micah ralentit, puis s'immobilisa, le serrant simplement plus fort contre lui, embrassant son épaule et sa tempe, jusqu'à ce qu'il se calme.

Lorsque Tamim bougea, essuyant sa main sur le drap, Micah se détacha de lui, le mouvement attirant son attention. Se tournant, il se redressa un peu. Voyant son regard sur son érection, le blond sourit.

— Ne t'en fais pas, je suis tellement proche qu'il va suffire que je l'effleure pour jouir, plaisanta-t-il.

Tamim retint sa main, l'empêchant de se toucher.

— Même si c'est rapide, est-ce que... Est-ce qu'on peut échanger ? demanda-t-il.

Micah sourit simplement, lui volant un baiser avant de se tourner sur le côté droit, le laissant se coller à son dos. Tamim se plaqua contre lui, fasciné de voir que leurs formes s'épousaient parfaitement, peu importe le sens. Glissant son bras sous son amant, pour pouvoir le serrer fermement, il laissa ce dernier remettre un peu de lubrifiant sur son sexe, avant de remplacer sa main, pour le branler lentement, tout en mordillant son oreille et sa nuque.

— Tu sais que tu m'as appelé bébé ? haleta Micah, son bassin bougeant légèrement vers l'avant puis l'arrière, suivant le mouvement sur sa queue.

Un petit son satisfait échappa à Tamim.

— Si je suis ton bébé, alors tu es le mien aussi, rétorqua-t-il.
— Ça me va, sourit le blond. Mais Trésor, c'est mon truc à moi !

Le brun le mordit plus franchement, passant son pouce sur son gland.

— Alors je t'appellerai mon Cœur, murmura-t-il. Mon Amour...

Micah gémit, submergé par le plaisir et l'affection qu'il recevait, alors qu'il se laissait entièrement aller dans l'étreinte de Tamim, emporté par un orgasme dont l'intensité le surprit.

 


 
Installés dans le jacuzzi, Micah sur les genoux de Tamim, ils étaient enlacés depuis un moment, l'eau tiède les entourant.

À contrecœur, ils se détachèrent l'un de l'autre lorsqu'ils sortirent de l'eau, dégoulinants. Enfilant leurs peignoirs, ils s'amusèrent à se sécher mutuellement, échangeant des baisers et des taquineries enfantines. Micah provoqua son amant, mais Tamim le fit taire en l'embrassant passionnément contre la porte de la salle de bain. Leur baiser était tendre au début, puis s'intensifia, leurs corps se pressant l'un contre l'autre jusqu'à ce qu'ils manquent d'air.

Quand ils se séparèrent enfin, Micah avait les lèvres gonflées et humides, semblant aussi comblé que lui. Pour la première fois, Tamim songea que peut-être, il n'avait pas perdu de temps. Qu'au contraire, tous les détours pris, toutes les choses bâties puis perdues, l'avaient mené jusque-là. Que s'il avait été plus rapide, s'il avait fait les choses différemment, alors il serait passé à côté de ce moment magique. Que le timing idéal était celui qui lui permettait d'embrasser Micah, de le faire sourire rêveusement, avec la certitude qu'ils partagent les mêmes sentiments.

Peut-être que son premier château de sable, n'avait pas été inutile et que ceux qu'ils construiront à l'avenir, laisseront tous, quelque chose de précieux en s'écroulant.

Un trésor qui ne peut être découvert qu'une fois que les vagues ont emporté le reste.

 

【 FIN 】

 

 


 

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